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Forfait

Européennes : Ségolène Royal abandonne face à la gauche divisée

L'ancienne ministre renonce à mener une liste en mai face à son impossibilité de rassembler.
Ségolène Royal, le 25 janvier 2017 à l'Elysée. (Photo Charles Platiau. Reuters)
publié le 11 janvier 2019 à 13h42

Fin de l'histoire : Ségolène Royal ne sera pas candidate aux européennes. L'ancienne ministre et finaliste de la présidentielle de 2007 l'a annoncé vendredi matin sur France Inter. «J'avais posé pour condition, pour répondre à l'aimable pression de mes amis, de pouvoir structurer et créer une convergence et un rassemblement des écologistes, de la gauche, des démocrates, de la société civile également. Ces conditions ne sont pas remplies, puisqu'un certain nombre de partenaires ont refusé, et par conséquent je reprends ma liberté de ne pas être candidate», a-elle argumenté.

Familles divisées

Une fausse surprise. Depuis son retour dans le jeu politique national, cet automne, Ségolène Royal, qui rêvait de voir toute la gauche sur le même bateau, a vu les portes se fermer les unes après les autres. Pourtant, elle était prête à laisser la première de la place à l'écologiste Yannick Jadot. En vain. Les raisons sont multiples. Les familles divisées se renferment sur elles-mêmes sous le regard des militants et sympathisants qui se désolent face à la situation. Que ce soit les communistes, les écologistes ou Génération·s, le mouvement de Benoît Hamon, ils sont tous (déjà) en campagne. Chaque ego se voit en sauveur, au risque de laisser la gauche en miette, loin du pouvoir.

Raphaël Glucksmann peut en témoigner. Il a lancé avec sa bande le mouvement Place publique, afin d'ouvrir le débat, réunir la gauche dans les urnes et réaliser un «score à deux chiffres». Récemment, il nous confiait ses difficultés et le sentiment de se retrouver à chaque réunion – que son mouvement organise –, à un rassemblement «d'alcooliques anonymes» qui ressassent les erreurs et les divisions du passé. La dernière en date a eu lieu jeudi. Les communistes, socialistes, Génération·s et l'écologiste Noël Mamère étaient présents. Place publique lâche des sourires, explique à qui veut l'entendre que le rassemblement est toujours jouable. Mais la pente est raide…

Porte de secours

L'échec de Ségolène Royal n'est pas seulement dû aux divisions. Elle clive. Son intention de mener une liste aux européennes n'a pas fait saliver – mis à part les socialistes qui galèrent à trouver une porte de secours. Les reproches sont nombreux. Celui qui revient le plus souvent ? Une figure à gauche : «Comment on peut faire confiance et travailler avec une personne qui serait prête demain à devenir ministre d'Emmanuel Macron, ce n'est pas possible.» Vendredi matin, l'ancienne candidate à la présidentielle a répondu dans Paris Match : «Tout le monde a trouvé le reproche qui lui convenait. On m'a reproché aussi ma vision de l'ordre juste. Je ne serais pas suffisamment dans l'opposition ? Mais les élections européennes ne sont pas une élection nationale.»

Ségolène Royal ne compte pas disparaître des radars. Après son succès en librairie avec son livre, Ce que je peux enfin vous dire, elle ne s'interdit rien. Persuadée qu'une partie des citoyens lui tend les bras, elle prévient son monde : «Je continue donc mes combats. Croyez-moi, je ne manque pas de terrains d'engagement.» Reste à trouver des copains et des copines pour partir à l'aventure.