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Libération
Récit

Sénat : dans ses vœux, Gérard Larcher épingle tout le monde

Les gilets jaunes, le grand débat, les européennes, Macron, Wauquiez... Le président du Sénat n'a oublié personne dans ses (très) longs vœux pour 2019.
Le président du Sénat, Gérard Larcher, à l'Elysée en décembre. (Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 17 janvier 2019 à 18h25

Gérard Larcher assume de manière joviale son physique. «Je suis peut-être rond mais…» lâche le président du Sénat en laissant la fin de sa phrase en suspens. Rond peut-être mais pas débonnaire pour autant. Ni prêt à tout accepter sans moufter. Sa place de troisième personnage de l'Etat dans l'ordre protocolaire et son aspect de vétérinaire de campagne lui donnent assez de poids pour donner de la voix. Face au président de la République et à son gouvernement mais aussi pour administrer quelques piqûres de rappels bien senties à son propre camp, Les Républicains, et à son leader, Laurent Wauquiez.

«L'année 2019 ne commence pas sous les meilleurs auspices et la France a achevé l'année 2018 comme si elle était prise de vertige», a constaté le président de la Chambre haute. Pour lui ces «dix-huit mois de présidence mois qui devaient voir l'avènement d'un monde nouveau, souvenons-nous, conquérant et ambitieux» se soldent par un «échec». «Une partie de la population a le sentiment de ne pas être entendue ni écoutée et nourrit un sentiment de distance avec ceux qui ont la responsabilité du pays», analyse le sénateur des Yvelines. A l'orée du grand débat national, Gérard Larcher a annoncé nommer le politologue Pascal Perrineau comme grand «observateur» récusant le terme de «garant» imposé par le gouvernement. «Le citoyen Larcher participera au débat dans son territoire mais le Sénat n'a pas vocation à ouvrir un débat dans le débat», précise Larcher qui se réjouit de voir Emmanuel Macron «aller à la rencontre des maires, comme je lui avais dit. On est train de retrouver les fondamentaux de la République».

 Pas de flirt avec le RN 

Pour lui, le Président vient tout simplement de se rappeler que la démocratie représentative avait du bon. «Rond sans être naïf», Gérard Larcher espère que cette redécouverte «ne sera pas sacrifiée à l'encan d'un rétablissement politique provisoire». La réforme constitutionnelle voulue par Emmanuel Macron est pour l'instant reportée afin d'y intégrer, éventuellement, des propositions issues du grand débat. A l'heure où certains dans la majorité s'interrogent sur le bicamérisme, le président du Sénat qui a rencontré le chef de l'Etat en début de semaine a eu l'assurance qu'il n'y aurait pas fusion entre le palais du Luxembourg et celui d'Iéna, siège du Conseil économique, sociale et environnementale (Cese).

Européen convaincu, celui qui occupe le «plateau» – surnom donné au fauteuil du président du Sénat – a profité de ses vœux pour exprimer ses inquiétudes à l'approche des élections européennes. C'est la montée des populismes qui l'inquiète et il se permet de fixer quelques bornes infranchissables à son parti : «LR est membre du Parti populaire européen qui s'inscrit dans l'héritage des pères fondateurs de l'Europe et c'est ce que doit rester LR.» Pas question en d'autres termes de dériver vers une droite plus radicale. Pour lui, la prochaine tête de liste aux européennes «devra rassembler et incarner l'équilibre l'épicentre du mouvement tel qu'il est». La description ne correspond pas franchement au profil de François-Xavier Bellamy, coqueluche des conservateurs catholiques qui aurait aujourd'hui les faveurs de Laurent Wauquiez. «En tout cas, LR ne doit pas laisser l'espace libre entre LREM et le RN», prévient Gérard Larcher. Pour lui, il n'est d'autre alliance possible pour son parti qu'avec le centre. Et aucunement avec un flirt même bien dissimulé avec la formation conduite par Marine Le Pen.