Le procès de Bernard Tapie, qui s’ouvrira le 11 mars pour un mois, revisitera l’arbitrage frelaté lui ayant accordé 404 millions d’euros de dommages et intérêts en 2008, somme qu’il est censé rembourser (1). Affaire pénale, jugée par le tribunal correctionnel, où il sera question de faux ou de corruption de quelques décideurs publics.
S'invitant au festin judiciaire, le tribunal de commerce n'a pas hésité à mettre son grain de sel, en jugeant vendredi que Tapie ne saurait bénéficier d'une procédure de sauvegarde lui permettant de rendre les fonds sur une durée de six ans. Pour autant, ses contempteurs, le CDR (héritier des anciennes casseroles du Crédit lyonnais) comme le parquet de Paris n'ont pas totalement obtenu gain de cause. En effet, ils exigeaient une mise en liquidation judiciaire de Bernard Tapie et de ses différents holdings (Groupe Bernard Tapie, actionnaire majoritaire de la Provence, et Financière Immobilière Bernard Tapie). Autrement dit, la mise aux enchères à bref délai de ses biens immobiliers (hôtel particulier parisien rue des Saints-Pères, diverses villas à Saint-Tropez, Neuilly ou en banlieue ouest de Paris), en vue d'un très prompt remboursement. Par son jugement mi-chèvre mi-chou, le tribunal de commerce de Paris, où Tapie a toujours eu ses entrées, coupe la poire en deux : pas de liquidation, donc de vente forcée des ses biens ; pas non plus de sauvergarde, étalant plus que de raison le remboursement. Reste cette procédure de redressement judiciaire, qui peut durer quelques mois ou quelques années. De quoi voir venir.
(1) Suite à l'arbitrage, Tapie n'a jamais encaissé ces 400 millions en net, somme censée solder son litige avec le Crédit lyonnais né en 1994 dans l'affaire de la revente d'Adidas. Après déduction de diverses ardoises bancaires ou fiscales, il aura plutôt bénéficié d'une somme tournant autour de 250 millions. C'est cette somme qu'il est sommé de rembourser aux pouvoirs publics.