Menu
Libération
Gafa

Bruno Le Maire annonce un projet de loi pour taxer les géants du numérique

La taxe s'appliquera dès 2019 aux entreprises qui font plus de 750 millions d'euros de chiffre d'affaires dont au moins 25 millions en France.
This illustration picture taken on April 20, 2018 in Paris shows apps for Google, Amazon, Facebook, Apple (GAFA) and the reflexion of a binary code displayed on a tablet screen. / AFP PHOTO / Lionel BONAVENTURE (Photo Lionel Bonaventure. AFP)
par AFP
publié le 20 janvier 2019 à 0h05
(mis à jour le 20 janvier 2019 à 0h30)

Un «projet de loi spécifique» portant sur une taxe qui touchera «dès cette année» les entreprises proposant des services numériques en France sera présenté «en Conseil des ministres d'ici à fin février», a annoncé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Ce projet «sera rapidement soumis au vote du Parlement», a-t-il indiqué dans un entretien au Journal du Dimanche, précisant que la taxe toucherait «toutes les entreprises représentant un chiffre d'affaires supérieur à 750  millions d'euros au niveau mondial et 25  millions d'euros en France». «Si ces deux critères ne sont pas réunis, elles ne seront pas imposées», a-t-il précisé.

500 millions d'euros de recettes fiscales

«La taxe sera applicable à compter du 1er  janvier 2019, et son taux sera modulé en fonction du chiffre d'affaires avec un maximum de 5 %. Elle devrait rapporter environ 500  millions d'euros», a-t-il poursuivi. La taxation des services numériques et notamment les Gafa  (Google, Apple, Facebook, Amazon) est «un enjeu majeur du XXIe siècle» et «une question de justice et d'efficacité», a estimé le ministre.

Si la France a décidé d’agir sans attendre un consensus au niveau européen, Bruno Le Maire a toutefois jugé qu’un accord de ce type était encore possible «d’ici à la fin mars», soulignant que la France soutenait une proposition européenne portée par le Commissaire français aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

«Il reste quelques pays hésitants. Nous avons fait une offre de compromis en décembre avec l'Allemagne et je suis convaincu qu'un accord est maintenant à portée de main d'ici à la fin mars. A quelques mois des élections européennes, nos citoyens ne comprendraient pas que nous renoncions», a-t-il expliqué.

A la mi-décembre, le gouvernement français, à la recherche de recettes pour financer les mesures sociales annoncées par le président Emmanuel Macron, avait annoncé qu'il taxerait dès le 1er janvier les géants du numérique, sans attendre un éventuel accord au sein de l'Union européenne.

L'Union européenne divisée

Cette décision avait signifié un changement de stratégie, M. Le Maire ayant défendu, sans succès, l’adoption d’une taxe au niveau européen sur les géants du numérique. L’Irlande, le Danemark et la Suède s’étaient clairement opposés à une taxe sur 3% du chiffre d’affaires des géants du numérique. Pour sa part, l’Allemagne ne la voyait pas non plus d’un très bon œil, par crainte de mesures de rétorsion américaines contre son industrie automobile.

Des initiatives pour taxer les géants du numérique ont déjà été prises au niveau national dans plusieurs pays, comme le Royaume-Uni et Singapour. En Italie, les députés ont voté en fin d’année dernière une taxe sur des transactions sur internet, mais la loi n’entrera finalement pas en vigueur.

En Espagne, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a adopté vendredi un projet de loi pour créer une taxe de 3% sur les revenus générés par certaines activités des géants du numérique. Mais il n’est pas certain que le projet de loi espagnol soit jamais voté, le gouvernement n’ayant pas la majorité au parlement.