Ni angélisme béat ni critique systématique a priori. Huit jours seulement après le début du grand débat imaginé par le gouvernement en réponse à la crise des gilets jaunes, il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur son intérêt. D'un point de vue quantitatif comme qualitatif. Nombre de débats qui se tiendront, conditions d'organisation, affluence dans les salles, diversité des participants, thèmes abordés, propositions mises sur la table : il faudra regarder tout ça de près. La première plongée effectuée par Libé dans quatre débats en confortera certains dans leur refus d'y participer. Stop à «l'enfumage», clameront les opposants les plus vifs au Président. D'autres y trouveront au contraire des raisons d'espérer. «Le dialogue est possible», se réjouiront les pro-Macron. Postures politiques sans surprise et de bonne guerre. Bien sûr que le chef de l'Etat, en lançant son initiative, cherche à sauver sa peau de président actif. Evidemment que ce débat est un contre-feu à l'occupation des ronds-points et aux manifestations hebdomadaires. Que les adversaires du dirigeant n'aient pas envie de lui servir de marche-pied, on peut le comprendre. La défiance, chaque année plus grande, des citoyens à l'égard des politiques légitime néanmoins un point de vue moins partisan. Violence des débats, niveau d'abstention, montée des extrêmes sont trois des maux emblématiques de notre vie démocratique. Elle a besoin d'être réoxygénée. Le grand débat n'est pas l'alpha et l'omega de cette nécessaire revigoration politique, juste un exercice participatif. Et si la démocratie participative ne peut se substituer à sa grande sœur représentative, elle peut utilement la compléter. Cela suppose un minimum de sincérité dans la démarche macronienne. C'est le postulat de base. Si l'initiative présidentielle s'avérait n'être que calcul politique, l'échec serait garanti. Pas seulement pour le débat, mais pour le chef de l'Etat lui-même.
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