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Libération
Récit

Incendie mortel à Courchevel : la piste criminelle est privilégiée

Moins d’une semaine après l’incendie qui s’est déclaré dans un ancien hôtel de la station de ski, l’enquête s’oriente désormais vers la piste criminelle. Le procureur de la République doit tenir une conférence de presse ce vendredi.
Après l'incendie à Courchevel, dimanche. (Photo Fanny Hardy. AFP)
publié le 25 janvier 2019 à 15h25

L'incendie de l'ancien hôtel de Courchevel serait volontaire. Survenu dimanche aux alentours de 4h30 du matin, le feu a surpris dans leur sommeil de nombreux saisonniers. Le bilan de la catastrophe est lourd : deux morts, 25 blessés dont 4 grièvement. Selon les informations de LCI et France Bleu Savoie, l'enquête, confiée aux gendarmes de la section de recherches de Chambéry, a permis d'écarter la piste accidentelle d'une défaillance technique du bâtiment. Entendue avant l'incendie, une dispute entre deux hommes semble être au cœur de l'investigation et du drame. France Bleu Savoie précise même, en citant une source proche du dossier, que l'une des deux personnes en question aurait menacé de revenir dans l'ancien hôtel pour «tout cramer».

Les gendarmes, appuyés par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont procédé à des dizaines d’auditions de témoins. La chaîne d’information affirme que des saisonniers présents dans l’hôtel ont indiqué à la police qu’une forte odeur d’essence se faisait sentir depuis plusieurs jours dans le bâtiment. Le relent d’hydrocarbure a même nécessité l’intervention des gendarmes venus reconnaître la situation. Le procureur de la République d’Albertville doit tenir une conférence de presse ce vendredi après-midi.

Conditions de logement «horribles»

Parti du deuxième étage d'un ancien hôtel de la station de ski de Courchevel 1850, l'incendie, spectaculaire selon les témoins, se serait propagé au niveau supérieur de l'immeuble, a indiqué le parquet d'Albertville en charge de l'enquête. L'incendie a mobilisé plus de 130 sapeurs pompiers. «Le feu s'est propagé de manière extrêmement rapide, ce qui a amené un certain nombre d'occupants à réagir en urgence et notamment à sauter par les fenêtres pour sauver leur vie», a déclaré le sous-préfet d'Albertville, Frédéric Loiseau.

Saisonnière de 24 ans et cavalière semi-professionnelle, Ambre a sauté du troisième étage pour échapper aux flammes. Elle retombe sur le bitume et se blesse grièvement. La jeune femme pourrait rester paralysée. A ses parents, elle déclare qu'elle n'a «pas eu le choix» car «les portes étaient fermées», rapporte France Bleu. Depuis dimanche, ses parents Isabelle et Alain Corci demandent des réponses et recueillent les témoignages de saisonniers passés par ce bâtiment.

D'anciens employés du propriétaire du bâtiment – le groupe Maison Tournier – comme Cyrielle Roussel interviewée par France 3 Auvergne-Rhônes-Alpes, pointent les conditions de logements «horribles» des saisonniers dans l'ancien hôtel : «On ne pouvait pas passer à deux dans les couloirs qui étaient très étroits.» «Heureusement que l'on a été réveillé car il n'y a pas eu d'alarme incendie. Des personnes ont tenté d'utiliser les extincteurs mais ils ne fonctionnaient pas. Il faut savoir aussi qu'il n'y avait pas de détecteurs de fumées dans les chambres ni dans les couloirs», a indiqué un autre témoin au Dauphiné Libéré.

Solidarité

Face aux interrogations des habitants, le sous-préfet d'Albertville avait déclaré que le dernier contrôle de la bâtisse «devait certainement dater». Propriété du groupe immobilier Maison Tournier qui possède de nombreux bars et restaurants à Courchevel, Chambéry mais aussi à Saint-Tropez, le vieil hôtel datant des années 70, devait faire l'objet de travaux de réhabilitation au printemps prochain. Les sinistrés ont tous été relogés et la solidarité s'est rapidement mise en place dans la station. Au restaurant Chez Gaston, autre propriété du groupe Tournier, des dizaines de sacs de vêtements et de nourriture ont été déposées par les habitants venus des villes alentour. Une cagnotte a été ouverte pour les saisonniers victimes de l'incendie.