Les «foulards rouges» contre les gilets jaunes, ça sera sans eux. Quatre soutiens historiques d’Emmanuel Macron, l’avocat Jean-Pierre Mignard, le philosophe Joël Roman, collaborateur de la revue Esprit, le député LREM du Val d’Oise Aurélien Taché et le fondateur d’Assas en marche, Xxxx, signent dans le Parisien une tribune pour expliquer leur refus de participer ce dimanche à la «marche républicaine des libertés», lancée sur les réseaux sociaux en réaction «au désordre» et à «la dérive factieuse» des gilets jaunes.
A priori, leur point de vue ne fait que conforter celui, officiel, du parti présidentiel, peu enclin à voir son nom associé à une initiative au succès incertain. Mais alors que La République en marche affirmait dans son communiqué «partager les valeurs des organisateurs» de la contre-manifestation, tel n'est pas le cas de Mignard et consorts. «Quand on est, comme moi, un démocrate de gauche, on ne manifeste pas contre un mouvement social : on le traite et on le résout», explique à Libération l'avocat proche de François Hollande avant de s'engager durant la dernière présidentielle au côté du candidat Macron. «Au-delà de son côté erratique et parfois violent, le mouvement des gilets jaunes est un mouvement social, porté par des Français peu favorisés qui s'interrogent sur leurs conditions de salaires et sur les inégalités territoriales. On ne doit pas faire pas comme l'empereur de Perse qui faisait battre la mer par ses soldats parce qu'elle a coulé ses navires !»
Les quatre signataires, qui excluent de marcher «contre le peuple ou une partie du peuple», plaident au contraire pour «une association systématique des gilets jaunes au débat sans crainte de la confrontation». Pour eux, le seul enjeu est de «réussir une grande discussion nationale, ouverte et participative» : «N'oublions pas que "l'abîme de l'histoire est assez grand pour tout le monde"», rappellent-ils, citant Paul Valéry. Une prise de position philosophique qui, pour Jean-Pierre Mignard, a des débouchés politiques très immédiats. «Mon souci, c'est l'avenir de la gauche et sa place dans une grande majorité plurielle, admet-il. Nous ne sommes qu'au début de la recomposition politique. La majorité a besoin de la gauche. Et surtout d'une gauche qui parle.» Façon d'appeler les troupes originelles du fondateur d'En marche à donner de la voix pour se faire entendre.