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Droite

Wauquiez se débat pour exister

Dénigré par les gilets jaunes et isolé à droite, le patron de LR tente de reprendre la main en participant au grand débat de Macron.
Laurent Wauquiez, le 9 octobre. (Photo Philippe Lopez. AFP )
publié le 27 janvier 2019 à 19h46

Emmanuel Macron a fait la faveur inattendue d’offrir un petit peu de lumière à Laurent Wauquiez. A l’occasion de son déplacement en Auvergne-Rhône-Alpes à la rencontre des élus, dans le cadre du grand débat, le chef de l’Etat s’est entretenu pendant un peu moins d’une heure avec celui qui préside la région. Une première pour les deux hommes depuis que Wauquiez a pris les rênes de Les Républicains et multiplié les attaques frontales à l’égard du Président.

A la veille de cette rencontre, interviewé sur France Info, le leader du parti d'opposition de droite donnait des leçons de conduite de débat au locataire de l'Elysée, l'exhortant à aller plus directement à la rencontre des Français. Et Wauquiez d'affirmer que LR souhaite qu'il s'agisse d'un «vrai débat avec les Français et directement sur le terrain». Un vœu exaucé puisque, le soir même, Emmanuel Macron jouait les invités surprises dans un débat citoyen à Bourg-de-Péage, dans la Drôme, sur les terres du ministre de l'Agriculture, l'ex-PS Didier Guillaume.

Valeurs

Wauquiez, qui a finalement décidé que son parti se devait d’être utile en participant au grand débat national, se trouve un peu pris dans la quadrature du rond-point. Après une tentative plutôt maladroite de poser en gilet jaune avec des figurants LR (sans l’assumer a posteriori), le chef de file du parti de droite s’est retrouvé cornérisé en lisière du mouvement alors que la montée de la violence dans les cortèges, qu’il a condamnée, rendait impossible de faire un pas de plus.

Pourtant, sous sa houlette, LR a été le premier parti à protester contre la limitation à 80 km/h, à mener campagne, avant même la rentrée, contre la hausse annoncée de la taxe sur les carburants et à dénoncer, milliers de tracts à l’appui, les hausses de fiscalité décidées par le gouvernement. Mais rien de cela n’a été mis au crédit de Wauquiez. Après un an passé à la tête du parti, il ne parvient pas à décoller dans les enquêtes de popularité, où il figure bon dernier des personnalités de droite préférées des électeurs comme des sympathisants de son bord - ils lui préfèrent à la fois Xavier Bertrand et… Marion Maréchal-Le Pen.

Le leader du parti Les Républicains a voulu remplir deux rôles. Le premier était d’être le porte-voix des revendications du petit peuple de droite. Mais il n’a pas su se faire entendre. Le second était de se poser en défenseur d’un certain nombre de valeurs, toujours auprès de cet électorat populaire de droite, sur des questions comme l’immigration, l’identité nationale et, plus concrètement, la place de l’islam.

Caution

Le résultat n’a guère été plus probant. Sans relais auprès des gilets jaunes, qui l’assimilent à un représentant des partis du système, le président de LR n’avait d’autre choix que de participer au grand débat national. Au risque de servir de caution à ce que certains dénoncent déjà comme une opération de communication en vue des prochaines élections européennes.

Macron avait, quant à lui, besoin de remettre en selle une opposition dite «républicaine» afin de récuser les accusations de ceux qui lui reprochent de ne chercher que la confrontation avec le Rassemblement national ou La France insoumise. Et un proche de Wauquiez de pointer, non sans raison, «le risque de servir de faire-valoir».