Il leur fait «confiance», et ce simple mot aura peut-être suffi à convaincre les partenaires sociaux, et surtout les organisations patronales qui ont décidé de s'en écarter temporairement, de se remettre autour de la table des négociations. Mercredi, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre avait expliqué qu'il croyait encore en la capacité du patronat et des organisations syndicales à se mettre d'accord pour «trouver des solutions» afin de réformer les règles de l'assurance chômage. Et ce même si, a-t-il souligné, leur mission est «très difficile».
Surtout, Edouard Philippe a bien pris soin devant les députés d'éviter l'expression, objet du courroux des représentants des employeurs, de «bonus-malus». Promesse présidentielle, cette modulation des cotisations patronales en fonction de la politique RH des entreprises (nombre de ruptures de contrats), visant à faire chuter le recours aux CDD, a été remise sur la table par Emmanuel Macron, la semaine dernière. «Je souhaite qu'on aille au bout», a-t-il déclaré dans la Drôme lors d'un débat avec des citoyens. Ce qui a déclenché la colère des organisations patronales. En réaction, pour rappeler leur opposition totale à ce dispositif, lundi, elles ont suspendu leur participation à la négociation. Changement de ton mercredi : Edouard Philippe a assuré qu'il revient aux partenaires sociaux de «définir les façons, les instruments, les moyens pour faire en sorte que notre système d'indemnisation du chômage puisse être à nouveau équilibré». Comprendre : le gouvernement reste à l'écoute de propositions alternatives.
De quoi éteindre la colère ? Il semblerait : dans la foulée, l'U2P et la CPME ont salué un «premier geste» de la part du gouvernement. Sans exclure, même s'ils n'ont pas pris la décision, de reprendre le fil de la négociation. Jeudi soir, c'est le Medef, qui a annoncé son retour dans les discussions par l'intermédiaire de son président, Geoffroy Roux de Bézieux, qui l'a indiqué au Parisien. Prévue jeudi, la neuvième séance de négociation n'a pour autant pas eu lieu. Du côté des syndicats, on s'inquiète de ces atermoiements. Car le temps est compté : les partenaires sociaux se sont donné jusqu'à fin février pour parvenir à un accord. Faute de quoi, sans compromis à l'échéance, le dossier doit revenir au gouvernement, qui pourra alors mettre en place sa version du bonus-malus.