Jeudi soir, à Gennevilliers, La France insoumise (LFI) a livré son dernier secret : à quelques mois des européennes, quatre camions avec des hologrammes s'apprêtent à faire le tour du pays, pour faire campagne et tenter de créer une dynamique. Ils portent un joli nom : les «Holovans». Pour nous, une délivrance. Pourquoi ? Ces quinze derniers jours ont été compliqués à gérer : pas une rencontre avec un dirigeant insoumis sans qu'il nous nargue avec cette foutue question : «Vous serez là le 31 pour notre surprise ?» On a tenté de déchiffrer «l'Opération 471», afin de dissiper le brouillard. Rien à faire. Le secret était aussi bien gardé que l'Elysée un samedi après-midi, sous la menace des gilets jaunes.
On s'est replongé dans le passé pour tenter de trouver un indice : lors de la dernière présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a fait fureur avec ses hologrammes et son jeu vidéo, Fiscal Kombat. Des tas de trucs nous ont traversé l'esprit. Sophia Chikirou qui lance un nouveau média avec Alexandre Benalla ; Mélenchon qui marche sur la Lune pour planter le drapeau LFI ; Manuel Bompard qui fume une chicha en dansant sur du Cheb Khaled avec le maillot de foot du Venezuela. Finalement, on ne va pas mentir au peuple : c'est décevant. On s'attendait à mieux. Surtout avec le tapage sur les réseaux sociaux.
Durant la campagne, on va tout de même suivre la trajectoire des camions qui traversent le pays. Et guetter, avec gourmandise, la tête du villageois, banlieusard ou citadin lorsqu'un insoumis va lui glisser : «La vérité se trouve au fond du camion.» La bande à Mélenchon a l'air heureuse, fière de son coup. «Une première mondiale : des interventions holographiques à partir de vans pour une campagne électorale», écrivent-ils. Jeudi soir, durant la présentation des camions du futur, Manon Aubry, la tête de liste LFI pour les européennes, a soufflé un conseil : «Je dis aux journalistes : intéressez-vous à ce que font les insoumises et les insoumis sur le terrain. Revenons au fond.» Du camion.