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#Metoo

«Forte hausse» des plaintes pour violences sexuelles en 2018

Les plaintes pour viols ont augmenté de près de 17% et celles pour agressions sexuelles ont bondi d’environ 20%, a rapporté jeudi soir le ministère de l'Intérieur.
Marche pour les femmes, à Rome, le 8 mars 2018. (Alberto Pizzoli - AFP)
par LIBERATION, avec AFP
publié le 1er février 2019 à 6h47

Le bilan statistique du ministère de l'Intérieur pour l'insécurité et la délinquance en 2018 montre une «forte hausse» des violences sexuelles dans le sillage du mouvement #Metoo mais aussi une «forte progression» des destructions de biens en fin d'année en raison de la contestation sociale des gilets jaunes. Les plaintes pour viols ont augmenté de près de 17% et celles pour agressions sexuelles ont bondi d'environ 20%, a rapporté le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) dans son bilan annuel publié jeudi soir.

Malgré leur hausse, les plaintes pour violences sexuelles restent bien en-deçà du nombre de victimes, selon les enquêtes de victimation. Dans l’ensemble, seule une victime de violences sexuelles sur huit (moyenne au cours de la période 2011-2017) a déposé plainte dans un commissariat ou une gendarmerie, rappelle ainsi le SSMSI.

L'organisme statistique explique cette hausse des plaintes par «le contexte de libération de la parole et de prise de conscience collective des violences faites aux femmes né de l'affaire Weinstein qui a éclaté en octobre 2017 et du mouvement #MeToo qui s'en est suivi».

Ainsi en 2018, le nombre de victimes d’homicides s’élève à 845, après 825 en 2017 et 892 en 2016. Par ailleurs, le nombre de coups et blessures volontaires dépasse les 240 000 victimes, un niveau sensiblement plus élevé que celui enregistré les années précédentes.

L’autre fait social ayant eu un impact important sur les infractions constatées par les forces de sécurité est le mouvement des gilets jaunes en fin d’année 2018.

Le SSMSI constate une «forte progression» des destructions et dégradations de biens en fin d’année même si en 12 mois il enregistre «globalement une légère baisse» poursuivant ainsi une tendance pluriannuelle. Comparant les destructions et dégradations de biens publics et privés au cours des sept derniers samedi de l’année soit autant d’actes du mouvement des gilets jaunes, le service statistique enregistre des progressions très marquées des infractions : +237% d’incendies volontaires de biens publics, +87% de dégradations et destructions de biens publics, +28% de destructions et dégradations de véhicules privés. Les infractions pour violences sur personnes dépositaires de l’ordre public ne sont pas en reste avec une hausse de 183%.

Effet Coupe du Monde

La cartographie de ces faits permet également de suivre l'évolution de la contestation en suggérant «une grande dispersion spatiale du mouvement le samedi 17 novembre 2018 (acte 1) puis une hausse marquée à Paris à partir du samedi 24 novembre suivie d'une diffusion dans plusieurs grandes villes, notamment Toulouse, Saint-Etienne et Marseille».

Les données collectées relatives aux destructions de biens et aux atteintes aux personnes dépositaires de l'autorité offre aussi une bonne vision des villes les plus touchées par la contestation.  Ainsi Paris concentre les infractions mais Lyon est «relativement épargnée». D'autres grandes villes comme Lille ou Strasbourg sont absentes de ce «palmarès» où figurent en revanche des villes moyennes comme Quimper, Charleville-Mézières, Villefranche-sur-Saône ou Calais.

Parmi les autres données de ce bilan annuel, les vols avec violence ou sans violence à l'encontre des personnes baissent en 2018 (89 000). Idem pour les cambriolages et les vols liés aux véhicules. Les escroqueries et infractions assimilées sont en revanche «en forte augmentation» (323 000 victimes enregistrées).

Dernier fait social ayant eu un effet sur les courbes de la délinquance : la finale de la Coupe du Monde de football en juillet. Au lendemain de la victoire des Bleus, les vols de deux roues (+140%), les vols sans violence contre des personnes (+151%) mais aussi les coups et blessures volontaires (+86%), les vols violents sans armes (+177%), les viols (+104%) démontrent «un effet finale» dans la hausse de la criminalité.