Pour la deuxième fois en une grosse semaine, Valence (Drôme) sera ville morte, ce samedi. Le 24 janvier, le centre-ville du chef-lieu de la Drôme, 63 000 habitants, avait été bouclé pour accueillir le président de la République, venu «débattre» avec les maires de la région. Samedi, il le sera également de l'aube au début de soirée, en prévision des manifestations – non déclarées – des gilets jaunes. «Pour le moment, deux organisateurs distincts ont été identifiés et trois circuits différents sont annoncés», a expliqué à Libération Nicolas Daragon, le maire LR de la ville, qui s'emploie depuis quarante-huit heures à «protéger [ses] concitoyens d'éventuels débordements».
Transports en commun à l’arrêt
Mariages délocalisés, marchés annulés, établissements publics, parkings et commerces fermés, transports en commun mis à l'arrêt, commerçants incités à baisser le rideau, mobilier urbain démonté ou renforcé : les services municipaux ont multiplié les précautions, suivant les préconisations de la préfecture, qui a annoncé attendre entre 6 000 et 10 000 manifestants, dont «10% de casseurs». «A Valence, les gilets jaunes sont relativement calmes, souligne Nicolas Daragon. Après les fêtes, les mobilisations, parfois importantes, se sont bien passées. Mais la venue du président de la République a tourné les projecteurs vers notre ville.»
«Le nombre de participants est monté en flèche»
Selon lui, les inscrits pour l'acte XII du mouvement n'étaient qu'un millier sur Facebook avant la prestation «surprise» d'Emmanuel Macron devant une assemblée citoyenne en périphérie de Valence, au soir du 24 janvier. «Depuis, le nombre de participants est monté en flèche, il y en a eu 9 000 de plus», note l'élu, avant d'appeler le gouvernement «à la responsabilité pour aller vraiment au débat» : «Les demandes des gilets jaunes d'être entendus sont fondées. Ceux qu'Emmanuel Macron a rencontrés la semaine dernière sont des citoyens professionnels, les mêmes qu'on voit tout le temps à ce type d'événement, mais pas ceux qui protestent aujourd'hui dans les rues.»
Une partie des manifestants a prévu de se réunir à partir de 13 heures pour une marche de près de dix kilomètres. Ils devront composer avec un périmètre de sécurité probablement étendu. Et avec une pluie importante, qui fait espérer aux autorités un afflux moindre.