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Détournement

Il y a trop de femmes adjointes à la mairie de Sarcelles, selon un tribunal

Deux élus UDI et LREM ont saisi la justice car la mairie socialiste compte huit adjointes pour six adjoints. Marlène Schiappa a réagi en dénonçant un détournement de l'esprit de la loi.
(Photo JEAN-SEBASTIEN EVRARD. AFP)
publié le 1er février 2019 à 18h08

A Sarcelles (Val d'Oise), certains élus d'opposition ont une conception particulière des priorités politiques. Il est ainsi apparu pertinent à Chantal Grolier (UDI) et David Grandon (adhérent LREM) de dénoncer auprès de la justice le non-respect des règles de parité imposées par le code général des collectivités territoriales, puisque parmi les 14 adjoints au maire Patrick Haddad (PS), on compte huit femmes pour six hommes.

Saisi, le tribunal de Cergy-Pontoise a donc rappelé que dans les communes de 1 000 habitants et plus, le principe de parité «impose l'obligation de présenter une liste où chaque sexe est représenté à parité, à au plus une unité près». Et de conclure à l'annulation du scrutin, en invitant le conseil municipal à procéder à une nouvelle élection «dans le délai de quinzaine».

«Je me demande ce que pense Marlène Schiappa [la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes] du fait qu'un élu LREM saisisse la justice et utilise la loi sur la parité, destinée à promouvoir la présence des femmes en politique, pour contraindre une femme à démissionner de ses fonctions», a ironisé le maire, Patrick Haddad, auprès de l'AFP. Il a assuré qu'il se mettrait en conformité avec la loi le 11 février prochain, lors du prochain conseil municipal, où un conseiller municipal homme prendra la place d'une des adjointes.

La secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a réagi en affirmant ne pas s'associer à la démarche des élus : «16% seulement des maires en France sont des femmes. Nous devons lutter pour plus de femmes au pouvoir politique, pas se servir de la loi sur la parité pour en exclure !»

En face, les élus d'opposition défendent leur démarche : «La loi c'est la loi», a dit Chantal Grolier au Parisien. «Si cette liste avait comporté plus d'hommes que de femmes, on aurait fait la même chose. La parité doit aller dans le même sens pour tous, il ne doit pas y avoir de différence, insiste l'élue. Et cela ne m'empêche pas de me battre pour les femmes où il y a un important travail à faire dans notre ville.»

Pour Patrick Haddad, il est «absurde» que le genre du maire ne soit pas pris en compte dans le calcul. En décembre, «j'ai pris la place de l'ancienne maire, une femme, qui m'a remplacé en tant qu'adjointe. L'équilibre de l'exécutif municipal, maire et adjoint, est donc le même qu'auparavant», huit femmes et sept hommes, défend-il, ajoutant : «Dans cette affaire, les hommes ne me semblent pas lésés puisque c'est quand même un homme qui est devenu maire à la place d'une femme.»