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Billet

Européennes et référendum : un délicat tempo

publié le 4 février 2019 à 19h56

Pour l'exécutif, l'agenda de ce premier semestre 2019 est un inextricable casse-tête. Deux échéances politiques se télescopent : d'une part, le grand débat national, qui doit durer jusqu'au 15 mars et se poursuivre avec un travail de synthèse qui devrait prendre plusieurs semaines ; d'autre part, une campagne pour les élections européennes du 26 mai qui sera lancée début mars avec la désignation des candidats de la liste LREM. A grand renfort de paroles fortes, les dirigeants de la majorité soulignent l'importance cruciale de ces deux échéances. Le grand débat serait, à les entendre, une entreprise inédite, une première mondiale qui montrera la voie d'un «renouveau démocratique». Quant au renouvellement du Parlement de Strasbourg, il sera le rendez-vous de la dernière chance pour une Europe en voie de délitement, menacée de l'intérieur par les nationalistes démagogues et, de l'extérieur, par des empires qui ont intérêt à la voir se défaire.

Comment répondre à ce double défi ? Emmanuel Macron a entamé lundi matin une série de consultations avec les présidents des groupes parlementaires. Aux premiers reçus, les chefs de file des groupes LREM et LR à l’Assemblée, Gilles Le Gendre et Christian Jacob, le chef de l’Etat a certifié qu’il n’avait rien décidé. Il n’écarte pas le scénario d’un grand rendez-vous électoral qui viendrait clore six mois d’effervescence politique et sociale. Le 26 mai, les électeurs seraient invités à élire leurs eurodéputés et à répondre, par référendum, à des questions censées changer la République.

Profiter d'une échéance électorale pour faire valider des réformes par référendum ? L'idée n'est pas nouvelle. En 2016, pendant la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy avait envisagé de demander aux électeurs d'approuver une réforme institutionnelle à l'occasion des élections législatives. Mais, en sortant de l'Elysée lundi matin, Christian Jacob a dénoncé «une manœuvre politicienne pour étouffer le débat européen». Sans attendre l'arbitrage de Macron, plusieurs leaders de la majorité, notamment le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ont dit leur hostilité à ce projet. Au risque de contrarier l'Elysée, ils mettent en garde contre une bataille référendaire qui viendrait étouffer le débat sur la souveraineté de l'UE. Les macronistes tiennent à mener cette campagne. Il serait dommage de les en priver.