«On fait croire aux élèves et à leurs parents qu’ils vont avoir un accompagnement en orientation. La réforme prévoit même 54 heures dédiées. Sauf qu’en réalité, c’est du vent. Ils auraient pu écrire 812 ou 2,5 heures à la place, cela aurait été la même chose : aucun professeur n’a une heure d’enseignement allouée à l’orientation… Rien du tout. C’est donc à l’établissement d’arbitrer entre des heures d’orientation ou des cours en demi-groupes ou des enseignements d’exploration, que l’on sait très importants, notamment pour les bacs technologiques : ils permettent aux secondes de découvrir nos filières… Jusqu’ici, ils faisaient partie des heures fixes. Demain, ils seront facultatifs pour les établissements, comme l’aide à l’orientation. Vous imaginez la colère des familles quand elles vont se rendre compte de l’entourloupe ? Ils croient que leurs enfants vont avoir un vrai suivi individualisé, et en fait non. D’autant que le choix va être plus dur. En supprimant les filières, le panel des possibles semble plus large. Mais du coup, cela demande d’être bien informé pour prendre les bonnes décisions. C’est comme devant un buffet à volonté, on est vite perdu. Je vois très bien le truc venir : le gamin qui croit bien faire en prenant la spécialité "sciences de l’ingénieur" en vue d’intégrer une école d’ingénieur ensuite… Et qui s’entend répondre deux ans après : "Mauvaise pioche, il fallait prendre telle et telle spécialité en fait."»
Réponse de Pierre Mathiot : «Dans le système actuel, personne ne peut sérieusement dire que l'orientation est une réussite, surtout pour les élèves les plus fragiles. L'objectif, avec cette réforme, est de progresser dans ce domaine avec les 54 heures par an prévues à cet effet. Cela devra être géré au niveau des lycées, et les professeurs ont évidemment un rôle à jouer. On ne peut pas encore dire, alors que la mécanique n'est pas lancée, que ce sera un échec… Pour moi, c'est presque l'enjeu majeur de la réforme. J'espère que l'ensemble des acteurs s'en empareront.»