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Libération

Les Inégalités territoriales

Clément Cordier, prof remplaçant en S.E.S. depuis six ans, à Combourg et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)
publié le 4 février 2019 à 19h06

«On a vite su que cette réforme allait aggraver les inégalités territoriales. Bien sûr, jusqu'ici, la situation n'était pas géniale, les élèves n'avaient pas les mêmes chances selon leurs origines territoriales et sociales. On sait bien que dans notre système éducatif, les différences sociales déterminent la réussite. C'est l'un des chapitres de mes cours de sciences économiques et sociales (SES), je l'enseigne à mes élèves. Mais quand même. L'offre restait comparable, il y avait un minimum de démocratisation. Tous les jeunes, y compris dans notre lycée rural, pouvaient choisir S, L, ES ou STMG [sciences et technologies du management et de la gestion, ndlr]. On les préparait le mieux possible au bac, pour leur ouvrir les portes de la fac au moins. Avec la réforme, les élèves n'auront le choix qu'entre sept spécialités maximum sur les douze existantes. Les cinq autres, ils en sont privés. Le ministre dit qu'il suffira de suivre les spécialités manquantes dans des lycées voisins. Ici, à Combourg, le plus proche est à 40 km ! Il n'y a pas d'horaires de bus adaptés. Même avec un chauffeur privé, ce serait impossible. J'enseigne aussi à Saint-Malo, et c'est pas mieux : les deux lycées publics ne proposent même pas à eux deux les douze spécialités. En revanche, les établissements privés, si… D'après vous, que feront les familles des milieux informés ?»

Réponse de Pierre Mathiot : «Jusqu’ici, seuls 82 % des lycées proposent les trois séries S, ES et L. A la rentrée prochaine, près de 85 % d’entre eux présenteront au moins sept spécialités. Il est donc faux de dire que l’offre est plus faible ou que la réforme accroît les inégalités territoriales. En tout cas, lorsque l’on regarde le système dans sa globalité.»