Au moins dix personnes sont mortes dans un incendie qui a ravagé un immeuble du XVIe arrondissement de Paris dans la nuit de lundi à ce mardi, selon un bilan «encore provisoire» communiqué par les pompiers en milieu de matinée. 37 personnes ont été blessées, dont huit pompiers.
«C'est la thèse criminelle qui est privilégiée et une personne a été interpellée, qui habite l'immeuble», a déclaré Rémi Heitz, le procureur de la République de Paris. «Cette femme a été interpellée dans la rue immédiatement après l'incendie. Elle se trouve en garde à vue», a-t-il déclaré avant de préciser plus tard qu'elle avait des «antécédents psychiatriques». Selon le parquet de Paris, les premiers éléments de l'enquête tendent à privilégier la piste criminelle. La suspecte a vu sa garde à vue levée afin qu'elle soit admise à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police.
La femme, âgée d'une quarantaine d'années, a été «arrêtée en état d'alcoolémie alors qu'elle tentait de mettre le feu à une voiture», a indiqué une source policière. En conflit récurrent avec son voisin pompier, elle s'était disputée avec lui dans la soirée et la police s'était déplacée pour un trouble de voisinage, a indiqué une autre source policière. Une enquête a été ouverte pour «destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort» et confiée à la police judiciaire.
Le Parisien a interrogé le voisin de la personne suspectée d'avoir déclenché l'incendie qui a fait 10 morts dans un immeuble du XVIe arrondissement. Pompier, il a alerté la police après une dispute avec sa voisine, puis les secours une fois le feu déclenché. Il explique : «Nous étions dérangés par ma voisine qui avait mis la musique très fort chez elle […] Ma compagne est allée frapper à sa porte, et elle s'est fait insulter. Je suis pompier professionnel à la DSPP et c'est pour ça que j'ai appelé le 17, vers 23h50. J'ai attendu quarante minutes pour m'entendre dire que ce n'était pas une situation d'urgence […] Les policiers m'ont dit de partir […] J'ai cru que les policiers l'avaient embarquée, donc nous sommes revenus. Je suis alors tombé nez à nez avec ma voisine dans les escaliers. Après le départ des policiers, elle a essayé de défoncer ma fenêtre et ma porte pour se venger. Un voisin m'a expliqué qu'il y avait du papier devant ma porte avec du bois. Elle a dû mettre le feu chez moi pour se venger.»
Le feu a démarré vers 1 heure du matin ; il a fallu plus de cinq heures aux pompiers pour le maîtriser. Certains habitants de cet immeuble des années 70, comptant huit étages et situé rue Erlanger, se sont réfugiés sur le toit pour échapper aux flammes, alors que de nombreux résidents ont appelé au secours depuis leurs fenêtres. «Une trentaine de personnes ont été évacuées sur les échelles», a précisé le capitaine Clément Cognon, porte-parole des pompiers sur place.
Photo Cyril Zanettacci. Vu pour Libération.
Deux immeubles adjacents ont également été évacués par mesure de précaution et des responsables de la mairie du XVIe arrondissement étaient sur place dans la nuit pour trouver des solutions de relogement.
Des images filmées par les pompiers intervenant sur place suggèrent la violence de l’incendie.
Paris : les images impressionnantes de l'intervention des pompiers lors de l'incendie d'un immeuble qui a fait huit morts dans le XVIe arrondissement
— France Bleu (@francebleu) February 5, 2019
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