Les dix anciens gymnastes de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) ont tous été déclarés coupables dans «l'affaire du bizutage». Ce mardi, le tribunal correctionnel de Paris a condamné l'ensemble des protagonistes qui avaient participé, le 6 mai 2012 lors d'un retour en bus Colmar-Paris, à la séance d'humiliations et de violences subie par deux jeunes recrues de cette section d'élite : Maxime B. et Jérémy D. Les sept pompiers déclarés responsables de «violences volontaires en réunion» ou de «non-empêchement d'un délit» écopent d'un simple sursis. Les trois hommes jugés coupables «d'agression sexuelle en réunion» sur Jérémy D. sont quant à eux condamnés à de la prison ferme (six mois pour l'un, quatre mois pour les deux autres).
Ce 6 mai 2012, Maxime B., 21 ans au moment des faits, assis à l'avant du bus comme toute jeune recrue, avait été le premier à être bousculé de siège en siège jusqu'au «Bronx» (l'arrière du véhicule, réservé aux gymnastes les plus expérimentés de la BSPP). Dénudé après s'être fait brutalement arracher son caleçon, il avait ensuite subi de violentes fessées, des pincements et des morsures aux fesses, puis avait reçu un coup de genou au niveau de l'arcade sourcilière. Des «violences volontaires en réunion» que les quatre pompiers mis en cause avaient reconnues dès l'instruction et qu'ils avaient confirmées durant le procès.
Lors de son passage, Jérémy D., lui, avait d’abord reçu fessées, pincements et morsures aux fesses, avant que du baume de tigre ne lui soit appliqué sur ses plaies ensanglantées et dans l’anus. Plusieurs «anciens» avaient également frotté leurs fesses nues sur son visage, tiré sur ses testicules et arraché certains de ses poils pubiens, tandis que le «bizuté» était allongé sur le dos et maintenu au niveau des bras et des jambes. L’un d’entre eux ira jusqu’à placer le goulot d’une bouteille en plastique dans l’anus de Jérémy D., 23 ans à l’époque.
Tout au long du procès, la plupart des prévenus avaient justifié leur comportement au motif d'une «tradition» pratiquée depuis la création de cette section d'élite, en 1919. «Cette pratique du "chahutage" est destinée à mettre à l'honneur un jeune sapeur-pompier et à finaliser son intégration totale dans le collectif. C'est une source de respect et de fierté», a ainsi justifié l'un des gymnastes à la barre. «Le bizutage n'est jamais une partie de plaisir, on y passe tous. Plus la recrue est appréciée, plus son passage dans le Bronx va être long. C'est un peu "qui aime bien châtie bien"», a expliqué un de ses camarades. Avant d'admettre : «Cette fois-ci, c'est vrai que ça a dégénéré.»