Il se passe rarement deux jours d'affilée sans que l'on parle (et s'écharpe) sur l'éducation dans les médias. Pourtant, on entend très rarement l'avis des premiers concernés : les élèves. Que pensent-ils de l'école ? Des réformes ? Et du ministre de l'Education nationale ? Dans cette nouvelle chronique, «Le bulletin des secondes», Libé donne la parole à de jeunes lycéens. Une évaluation en onze questions, toujours les mêmes, pour mesurer leur perception du système éducatif. Aujourd'hui, Blandine, 16 ans, en seconde générale au lycée privé Blomet (Ecole normale catholique), à Paris (XVe arrondissement).
Pouvez-vous résumer votre scolarité ?
J’ai changé d’école cette année, j’ai fait ma quatrième et ma troisième à Stanislas, à Paris, un établissement privé, et avant j’étais à Rome. Ici à Blomet, c’est plus petit, l’ambiance est bien plus chaleureuse. C’est aussi moins difficile. Je suis plutôt une bonne élève. J’aimais beaucoup l’école quand j’étais petite, maintenant moins. En seconde, on a pas mal de matières imposées et qui ne nous plaisent pas forcément.
Qu’est-ce que l’école vous a apporté ?
Elle m’a beaucoup apporté. Ça apprend la rigueur, c’est une façon de penser, de réfléchir. On acquiert des connaissances aussi, même si on les oublie vite, je trouve. C’est aussi censé nous apprendre à vivre avec d’autres.
Y a-t-il un enseignant qui vous a marquée, et pourquoi ?
Ma professeure de français de troisième. Elle était vraiment très forte. C’était vraiment un enseignement de très grande qualité, on était très en avance sur le programme, on commençait déjà à faire des dissertations. Elle nous poussait en avant. Elle était aussi très charismatique, ça imposait beaucoup de respect.
Quel est votre pire souvenir scolaire ?
A Rome, j’étais dans un collège pas très fort. Mon arrivée à Stanislas a été une grosse claque pour moi, surtout en maths. Un prof est arrivé et a noté une énorme équation au tableau alors que je ne savais pas ce que c’était. C’était un stage de prérentrée où tous les jours on avait des contrôles. C’était assez horrible. Je me suis pris des 4 et des 5 pour la première fois de ma vie. J’étais très forte à Rome et là, j’étais nulle. Je me suis retrouvée à pleurer devant le prof qui m’a regardée bizarrement.
Savez-vous qui est le ministre de l’Education ?
Oui, M. Blanquer.
Si vous étiez ministre, quelle réforme mèneriez-vous ?
Je trouve qu’il serait bien en lien avec la réforme du lycée de donner plus de libertés aux élèves. L’autre jour en classe, une fille de terminale qui venait d’Australie nous a raconté qu’elle faisait de la musique à très haut niveau. J’aurais bien aimé pouvoir me spécialiser dans les arts, la musique. Ça serait bien de proposer plus de matières différentes, artistiques. J’aimerais faire en sorte qu’il y ait ce genre de choses dans la plupart des établissements.
Que veut dire «réussir à l’école» selon vous ?
Ça veut dire s’épanouir à la fois au niveau social et commencer à contrôler les choses, avoir une forme d’esprit dans toutes les matières, de la méthode.
Pensez-vous que l’école donne les mêmes chances à tous les élèves ?
Peut-être qu’il y a des écoles de moins bon niveau, mais je pense qu’une personne déterminée et prête à tout faire pour réussir ses études, peu importe dans quel lycée elle est, elle a ses chances.
Que savez-vous de la réforme du lycée ?
Oula… Alors ce sont des spécialités à la place des L, S, ES. On doit choisir des combinaisons, trois en première et deux en terminales. Je pensais faire une L mais avec ce système mon père veut que je fasse maths comme sécurité car on ne sait pas ce que l’enseignement supérieur attend de nous. Je voulais pas du tout prendre maths.
Avez-vous entendu parler de Parcoursup ?
Oui. Je sais qu'à côté au lycée Buffon [public, ndlr] il y avait des manifs pour dire qu'ils étaient désavantagés. Mais je pense que les gens de Parcoursup n'ont aucun intérêt à laisser les élèves de côté car ils viennent d'écoles publiques. Si quelqu'un est fort, qu'il vienne d'une école publique ou privée, il faut lui donner toutes les chances.
Avez-vous une idée de ce que vous ferez après le bac ?
Non. Mais j’aimerais plutôt me tourner vers quelque chose de littéraire, peut-être une prépa.