Aie. Dans son rapport public annuel, présenté mercredi, la Cour des comptes met à nouveau en garde le gouvernement, jugeant «préoccupante» la situation des finances publiques, «fragiles» les prévisions économiques de l'exécutif et trop nébuleux ses projets d'économie. L'institution préconise, comme chaque année ou presque, un vigoureux effort de «redressement» des comptes de l'Etat. Libération a sélectionné deux organismes épinglés par les magistrats.
Radio France
Bonnes audiences. Certes, ces derniers mois, la Maison ronde semble marcher sur l'eau, portée par ses bons résultats d'audience.«Depuis 2015, les contenus proposés par Radio France ont connu un net regain d'intérêt», notent bien les magistrats. Pour autant, ils s'inquiètent de la situation économique de la société face au risque d'une «crise financière toujours menaçante». «Malgré les efforts accomplis pour maîtriser les dépenses, l'effet de ciseau déjà constaté (augmentation des charges plus importante que la progression des ressources) affecte toujours les comptes de l'entreprise», note la Cour des comptes.
Coûts élevés. La faute en revient principalement à la croissance, de 5,8 % depuis 2013, des charges de personnel, qui comptent pour 57 % des charges d'exploitation de Radio France. Fin 2017, elles pesaient 406 millions d'euros (pour 4 595 équivalents temps plein), alors que le contrat signé avec l'Etat prévoyait 395 millions d'euros. Cela tient beaucoup aux recrutements et aux dépenses engendrés par la mue de France Info en chaîne d'information en continu. Pour y remédier, la Cour estime «nécessaire» de renégocier le temps de travail dans l'entreprise, «particulièrement faible» selon elle : les différentes catégories de personnel y disposent de 13 à 14 semaines de congés, d'après ses calculs.
Formation professionnelle
Lourdes pertes. En 2013, la Cour avait pointé les «perspectives financières défavorables» de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa). Six ans plus tard, «les difficultés financières se sont aggravées», écrit la Cour. Soit une perte d'exploitation cumulée de près de 508 millions entre 2013 et 2017. Pire, l'Afpa n'a survécu que grâce aux «aides exceptionnelles, dans des conditions juridiques discutables» de l'Etat.
Réforme délicate. Et il n'existe «aucune perspective de croissance suffisante» dans un secteur secoué par la réforme de la formation du gouvernement. La Cour dénonce les «coûts de structure trop élevés» de l'Afpa. Et notamment le «poids» des dépenses de personnel, représentant 62 % des charges d'exploitation en moyenne, sur la période 2013-2017. Un sujet électrique au sein de l'agence depuis l'annonce en octobre d'un projet de suppression de 1 500 postes dans le cadre d'un «plan de transformation». Mais aussi de la fermeture de 38 centres sur l'ensemble du territoire. Dans une pétition commune, la CGT, la CFDT, FO et SUD expliquent au contraire que ces nouvelles orientations risquent de «détruire» l'Afpa en remettant en cause son «maillage territorial inégalé».
Plus d'efforts. Pas de quoi émouvoir la Cour des comptes, qui demande au contraire encore plus d'efforts à l'organisme : «une restructuration de grande ampleur» avec une grosse réduction de dépenses à la clé. Ce qui, admettent les auteurs, serait toutefois un réel gâchis puisque l'outil s'avère performant en matière d'insertion professionnelle. Ainsi, en 2017, les deux tiers des chômeurs sortant d'un stage à l'Afpa ont décroché un emploi dans les six mois.