La France rappelle son ambassadeur en Italie «pour consultations», annonce ce jeudi le ministère des Affaires étrangères. Le motif : la rencontre mardi en France du vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, chef de file du mouvement d'extrême droite 5 étoiles (M5S), avec des gilets jaunes, dont l'intéressé s'est vanté en tweetant que «le vent du changement a franchi les Alpes». Sans l'écrire explicitement, c'est ce à quoi le Quai d'Orsay fait référence en écrivant que «les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix démocratique, fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus.»
Avant cela, affirme Orsay, «la France a fait, depuis plusieurs mois, l'objet d'accusations répétées, d'attaques sans fondement, de déclarations outrancières que chacun connaît et peut avoir à l'esprit». Pour le ministère, «cela n'a pas de précédent, depuis la fin de la guerre». Parmi ces attaques, signalons par exemple celle de Matteo Salvini, patron de la Ligue et homme fort du gouvernement italien, qui a dit espérer que le peuple français se libère bientôt d'un «très mauvais président».
«Avoir des désaccords est une chose, instrumentaliser la relation à des fins électorales en est une autre», poursuit le Quai d'Orsay.
Salvini et Di Maio disponibles pour discuter avec Macron
Matteo Salvini tente d'organiser un front européen de l'extrême droite contre les pro-européens incarnés notamment par le chef de l'Etat français en vue du scrutin du 26 mai. «La campagne pour les élections européennes ne saurait justifier le manque de respect de chaque peuple ou de sa démocratie», selon le ministère, qui estime que «tous ces actes créent une situation grave qui interroge sur les intentions du gouvernement italien vis-à-vis de sa relation avec la France».
Luigi Di Maio et Matteo Salvini ont rapidement réagi, se disant «tout à fait disposés à rencontrer le président Macron et le gouvernement français». «Nous ne voulons nous fâcher avec personne, les polémiques ne nous intéressent pas : nous sommes des gens concrets et nous défendons les intérêts des Italiens», a écrit Matteo Salvini. «Le peuple français est notre ami et notre allié. Le président Macron s'en est souvent pris au gouvernement italien pour des motifs politiques en vue des européennes. Cela n'a jamais entamé le sentiment d'amitié qui lie nos pays et n'y parviendra jamais», a renchéri Luigi Di Maio.