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Libération
Le portrait

Françoise Cotta, défense de plier

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L’avocate, grande pénaliste et pourfendeuse humaniste de l’injustice, accueille les migrants et rejoint les gilets jaunes sur les ronds-points.
(Photo Cyril Zannettacci. VU)
publié le 7 février 2019 à 18h06
(mis à jour le 7 février 2019 à 19h40)

La robe noire de Françoise Cotta s’est dressée pour défendre des dizaines de «déglingués», ceux qui ont poussé de travers ou pris le mauvais embranchement de la vie. Elle a trempé dans la misère des uns et les affres des autres, s’est retrouvée mouillée de larmes ou de champagne, ballottée d’une cour d’assises à une autre, trimbalée sur la tête comme un vulgaire imperméable un jour d’orage ou chiffonnée comme un coussin. La robe noire de Françoise Cotta est devenue tantôt une armure quand son corps vacillait sous les assauts de la maladie, tantôt une cape de combat quand il n’y avait plus que la parole pour sauver un homme. «Une putain de robe noire», résume l’avocate de 69 ans dans un récit de plus de trente ans de carrière. La quatrième de couverture voudrait faire croire que le noir de travail va être remisé au portemanteau. Mais à voir sa propriétaire siffler prestement son verre de vin et filer vers la DGSI où l’une de ses clientes a été placée en garde à vue, on en doute sérieusement. «Disons que je suis réserviste», dit-elle en souriant.

Celle qui s'est imposée comme une grande figure du barreau, l'une des rares femmes pénalistes de sa génération, a récemment troqué la vie (parisienne) de palais pour une vieille bicoque de la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) où elle «contemple [s]es poules pendant des heures» et cultive son potager. La bâtisse se trouve sur la route qu'ont empruntée ses grands-parents italiens lorsqu'ils sont ve