«Ancrer la diversité familiale» dans la loi. C'est l'esprit de l'amendement au projet de loi «pour une école de la confiance» adopté en première lecture mardi soir à l'Assemblée nationale, selon sa rapporteure, la députée LREM du Nord, Valérie Petit. Le texte propose d'utiliser les termes «parent 1» et «parent 2» dans les formulaires administratifs, plutôt que les sempiternels «père» et «mère». En cause : une volonté de ne pas nier l'existence des familles homoparentales, selon la rapporteure, qui observe que certaines municipalités ont procédé à cette modification d'elles-mêmes, mais souhaite contraindre les réfractaires à s'adapter aux évolutions sociétales permises par l'adoption de la loi sur le mariage pour tous en mai 2013.
L'élue a reçu dans l'hémicycle le soutien de Jennifer de Temmerman, elle aussi députée LREM du Nord, pour qui faire modifier les formulaires administratifs utilisés dans les écoles est «une mesure d'égalité sociale». «On a des familles qui se retrouvent face à des cases figées dans des modèles sociaux et familiaux un peu dépassés. Aujourd'hui, personne ne devrait se sentir exclu par des schémas de pensée un peu arriérés», a-t-elle argué. «Vous n'imaginez pas les conséquences lorsque des enfants ne se sentent pas traités comme les autres», a abondé le socialiste Joaquim Pueyo, élu dans l'Orne.
«Le progressisme nie jusqu'à la réalité de la filiation»
A l'inverse, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a exprimé un avis défavorable, justifié par le fait qu'il ne s'agit pas à son sens d'une mesure qui relève de la loi. Le député LR Xavier Breton a quant à lui fustigé un amendement issu d'une «pensée unique et politiquement correcte qui ne correspond pas à la réalité». Sans surprise, la Manif pour tous a pour sa part fait savoir sa colère. Sur Twitter, le mouvement né pour contester la loi sur le mariage pour tous a ainsi déclaré que «la France s'entre-déchire depuis trois mois, mais la République en marche s'occupe de renommer et numéroter les parents». Et de conclure : «Le progressisme nie jusqu'à la réalité de la filiation».
La France s'entredéchire depuis 3 mois, mais @LaREM_AN s'occupe de renommer et numéroter les parents.
— La Manif Pour Tous (@LaManifPourTous) February 13, 2019
Le progressisme nie jusqu'à la réalité de la filiation : non, on ne naît pas d'un « Parent 1 » et d'un « Parent 2 » ! pic.twitter.com/WGeqQaIwNB
L'association SOS Homophobie a en revanche estimé que cette mesure constitue une «reconnaissance concrète des familles homoparentales, et une avancée pour tous les enfants et toutes les familles». Même satisfaction pour l'association des familles homoparentales, quand certains internautes, espiègles, répondent aux détracteurs d'une telle mesure qu'elle existe tout simplement déjà de facto dans bien des établissements scolaires, y compris dans le privé catholique.
Nous saluons l’évolution des formulaires scolaires votée hier à l’@AssembleeNat : elle permettra une reconnaissance concrète des familles #homoparentales. C’est une avancée pour tous les enfants et pour toutes les familles. https://t.co/eE3kiHY4xI
— SOS homophobie (@SOShomophobie) February 13, 2019
Vu dans le carnet de liaison du Collège privé Catholique de mon cousin. 🤔
— Demande À Tes Mères (@_Tes_Meres) February 2, 2019
Comme quoi, c’est pas si compliqué. Je dis ça ... 😏 pic.twitter.com/b5aUYnOH9H
En mars dernier, la Ville de Paris avait fait savoir qu'elle modifiait désormais ses formulaires d'état civil pour refléter davantage la diversité des familles, afin de «faire respecter les principes constitutionnels d'égalité et de non-discrimination devant le service public».