Robert avait préparé un petit papier avec sa question. Ça ne l'a pas empêché de bégayer et de «sauter une ligne» dans sa prise de parole. Si un petit stress pèse sur ce retraité, c'est qu'il vient d'entrer dans le monde pas si parallèle de la fiscalité. Robert participe à une soirée du grand débat national animée par Bruno Le Maire, vendredi soir à Saint-Laurent-du-Var. Plus que de répondre aux questions, le ministre de l'Economie et des Finances est venu expliquer, défendre et développer les projets du gouvernement en la matière.
«Rétablir l’équilibre»
«Tous les citoyens doivent être soumis à l'impôt sur le revenu», estime Robert. Cet ancien fonctionnaire territorial est le premier à s'emparer du micro. «Il faut rétablir l'équilibre. Avant de dire quel impôt supprimer, nous devons déterminer l'ordre de priorités», avance-t-il.
Très vite, les questions prennent la forme d'affirmations. Et les réponses de Bruno Le Maire celle d'un exposé sur les projets du gouvernement. Un débat aux allures de grand oral. «Tout le monde paye avec la TVA, rectifie Bruno Le Maire. La TVA aujourd'hui rapporte beaucoup plus que l'impôt sur le revenu. C'est devenu la première source pour l'Etat.» En chemise bleue, le ministre jette un coup d'œil sur ses fiches où il a pris le soin d'écrire le prénom des intervenants. «La vraie question est : qu'est-ce que vous voulez payer ? Tous ensemble, il faut que nous définissons ce que nous voulons payer avec nos impôts. La justice, l'éducation, la police, l'armée, c'est prioritaire. Il est difficile de faire des économies sur ces sujets qui sont au cœur du fonctionnement de l'Etat. […] L'Etat doit se concentrer sur ses missions régaliennes.»
«Nous vous devons des comptes»
La première intervention portait sur la fiscalité, presque toutes les suivantes aussi. Chefs d'entreprises, enseignants, retraités, présidents de comités de quartiers puiseront leurs inspirations dans les 35 heures, les droits de succession, l'Europe ou encore les Gafa, «enjeux majeurs» qu'il faut «taxer». Seules des questions sur l'intégration des personnes autistes et la condition des femmes en entreprise dénoteront. «On ne peut pas déconnecter l'économie de l'homme car il faut remplir son frigo, recentre le ministre. C'est l'emploi qui vous le permettra.»
Plus tôt dans la journée, c’est devant des étudiants de l’université de Nice et les salariés d’une usine que le ministre a tenu le même discours. Avec les mêmes propos. «Nous ne vous rendons pas assez compte d’où va votre argent, répète à trois reprises Bruno Le Maire. A chaque euro dépensé, nous vous devons des comptes : voilà ce que vous payez comme impôt et voilà à quoi ça sert.»
A l'avant-dernier rang, Mireille acquiesce. C'est son troisième débat : le premier sur internet, le suivant avec le maire de Saint-Laurent-du-Var, ce vendredi soir face au ministre de l'Economie et des finances. «On nous donne la parole, prenons-la, encourage-t-elle. Là, c'est un ministre qui se déplace. C'est plus solennel : on a des pistes sur les politiques futures.» La Laurentine n'a pas posé de question. D'autres l'ont fait pour elle. «Bruno Le Maire a apporté des précisions, estime-t-elle. Ça me permet de mettre au clair certains points essentiels.» Et de toucher du doigt les enjeux de la fiscalité.