Accusé de viol et d’agression sexuelle en avril 2018, la figure du théâtre français Philippe Caubère peut souffler. La plainte déposée contre lui par la dramaturge et comédienne Solveig Halloin a été classée sans suite par le parquet de Créteil, estimant qu’«aucun élément ne permet de corroborer les déclarations de la plaignante sur l’absence de consentement», tandis que «les personnes qu’elle avait désignées comme [autres] victimes ont nié toute agression».
La rencontre ayant suscité les accusations remontait à février 2010. Après un spectacle, la jeune femme avait abordé cette figure historique du Théâtre du Soleil, qui était pour elle un «père artistique». En entamant une relation avec lui, Solveig Halloin disait dans une vidéo publiée par le Huffington Post avoir vécu un «cauchemar». Elle décrit des échanges de SMS, parle d'une salle de torture dans l'appartement de l'acteur.
Philippe Caubère ne nie pas les relations sexuelles, mais parle de relations passionnées, amoureuses même. Il ajoute : «Frapper une femme, […] c'est contre mon idéologie, contre ma culture, contre mon éducation, contre ma famille artistique au Théâtre du Soleil.»
Après l'avoir placé en garde à vue, les enquêteurs ont fouillé ses téléphones et ordinateurs et mené une perquisition dans son domicile de Saint-Mandé. «Les policiers voulaient voir si la description que la plaignante avait donnée de mon appartement correspondait», a expliqué l'acteur au Monde. La police a également auditionné les femmes que la plaignante décrivait comme des victimes de Caubère, aucune ne rapportant le moindre geste violent de sa part.
Dans une affaire «parole contre parole», le parquet a estimé que «l'admiration professionnelle, voire la fascination, que Mme Halloin vouait à M. Caubère ne peut, s'agissant d'une relation entre adultes, être considérée comme une emprise intellectuelle», et constituer une «contrainte» au sens pénal.
«Cette affaire, c'est l'illustration d'une instrumentalisation du mouvement de libération de la parole de la femme et une instrumentalisation du judiciaire», a déclaré Me Dosé, l'avocate de Philippe Caubère, avant d'annoncer que son client entendait porter plainte pour dénonciation calomnieuse.