Ainsi ce qu’on subodorait de plus en plus trouve une confirmation supplémentaire avec le rapport de la commission sénatoriale : cette affaire Benalla a été gérée n’importe comment par l’Elysée. L’homme a bénéficié d’une indulgence étrange, pour ne pas dire d’une protection coupable, pendant des semaines après la révélation de ses agissements ; il a noué, alors qu’il était encore en poste, des contacts douteux avec des drôles de pistolets, portant sur des contrats juteux et plus ou moins louches. La justice, qui enquête et agit, nous permettra d’en savoir plus. En attendant, ce feuilleton politique et judiciaire vient démontrer, s’il en était besoin, la fausseté d’un certain nombre d’idées reçues largement diffusées ces dernières semaines. On accuse la presse de complaisance avec le pouvoir : ce sont des «journaux-aux-mains-de-l’oligarchie-macronienne» qui ont révélé l’affaire et qui mettent régulièrement au jour de nouveaux éléments. C’est un Parlement composé «d’élus-coupés-du-peuple», en l’occurrence une utile commission sénatoriale, qui a disséqué l’affaire et mis en difficulté l’exécutif. C’est une «justice-aux-ordres» qui a approfondi les investigations et placé les prévenus en détention, aggravant encore l’embarras du gouvernement et de l’Elysée. Autrement dit, alors qu’on les vilipende de toutes parts, c’est bien la démocratie représentative et les contre-pouvoirs médiatiques et judiciaires qui ont défendu en l’espèce la rectitude publique et les intérêts des citoyens. Autrement dit, et pour conclure, la République démontre dans cette affaire qu’elle n’est pas un «système» aux mains de «l’oligarchie», mais une démocratie pluraliste, contradictoire, dotée d’instances d’information et de contrôle qui font leur travail et n’hésitent pas à mettre en cause le gouvernement, le Président, l’Etat, le parti majoritaire, s’ils l’estiment légitime et nécessaire.
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