Faut-il s'attendre à un remaniement gouvernemental avant les européennes ? Invité jeudi matin sur Radio classique, Stanislas Guerini a mis les pieds dans le plat. Interrogé sur le calendrier retenu pour le choix du futur candidat La République en marche pour Paris, le délégué général de LREM a, par inadvertance, mis le feu aux poudres : «On va mettre en place une commission nationale d'investiture [CNI]. Il est probable que cela soit dans le courant du mois d'avril, peut-être avant les européennes.» Une phrase moins anodine qu'il n'y paraît eu égard au calendrier esquissé. Et pour cause : sur les six candidats déclarés ou putatifs qui briguent la tête de liste LREM à Paris, on compte deux ministres : le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, et le secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi. Si la CNI tranche le cas de Paris courant avril, difficile pour l'un comme pour l'autre de défendre leur ambition municipale tout en restant membre de l'équipe d'Edouard Philippe… «J'ai toujours dit que le jour où je serais candidat à la candidature, je quitterai le gouvernement, confirme à Libération son actuel porte-parole, donné favori dans la course interne. Quand je connaîtrai la date de mise en place de la CNI et ses modalités, j'en tirerais les conclusions.»
En réalité, le calendrier annoncé par Guerini fait les affaires de Griveaux. Lui qui, en coulisse, travaille d'arrache-pied depuis plusieurs mois pour mettre le parti en ordre de bataille dans la capitale n'a toujours pas officialisé son ambition. Tel «outing» lui aurait à coup sûr coûté sa place de porte-parole du gouvernement lors du dernier remaniement. Une prise de risque dont il ne voulait alors pas entendre parler. Mais depuis début janvier, les prétendants au fauteuil d'Anne Hidalgo se multiplient, les derniers en date étant les maires LR des VIe et du VIIe arrondissements, Jean-Pierre Lecoq et Rachida Dati. Voir ce petit monde s'agiter sans pouvoir riposter commence à taper sur les nerfs du porte-voix du gouvernement.
Reste que la déclaration du délégué général du parti macronien en incommode plus d'un au sein de LREM. «Jusqu'à présent, on nous parlait d'un choix pour Paris après les européennes», souligne l'adjointe au maire du IVe arrondissement Anne Lebreton, candidate à l'investiture. Un délai que le député de l'Essonne Cédric Villani comptait, notamment, mettre à profit pour mener campagne tambour battant et combler son retard sur Griveaux et Mahjoubi… D'où l'avalanche de reproches qui s'est abattue jeudi sur Guerini. Lequel a plaidé l'«erreur» par SMS : aucune date ne serait encore fixée.