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Libération
A la télévision ce soir

«Jusqu'à ce que la mort nous sépare» : chronique d'un drame à venir

Un documentaire diffusé ce mardi soir sur France 2 revient sur l'affaire Annie Métais, condamnée l'an dernier pour avoir tué son ex-mari dans le port de Bandol.
Annie Métais chez elle, à Meyreuil, le 12 mai. (Photo Olivier Monge. MYOP)
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 26 février 2019 à 17h53

Le 24 mai 2018, Annie Métais a été condamnée à cinq ans de prison par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. Huit ans auparavant, sur un bateau amarré dans le port de Bandol, elle avait tué en l'étouffant son ex-mari à l'issue d'une énième violente dispute. Le corps de Jacques Métais avait été repêché quelques jours après le drame dans la rade de Marseille, ligoté, le visage scotché. Après plusieurs mois de mensonges, son ex-épouse est finalement arrêtée. Ce n'est pas le procès, chroniqué par Libération, ni le fait divers ni même l'enquête qu'ont choisi de raconter Alice Odiot et Jean-Robert Viallet. Jusqu'à ce que la mort nous sépare, documentaire diffusé ce mardi soir sur France 2, revient sur le temps d'avant le judiciaire, le fil complexe d'un huis clos familial qui a amené une mère de 61 ans à «faire taire» son ex-conjoint, avant de se débarrasser du corps en mer et de mentir durant des mois, aux policiers comme à ses enfants.

Dans le décor de la maison familiale, Annie Métais, soutenue par ses trois fils, confesse vingt ans d'intimité aux côtés d'un homme qu'elle aime passionnément, qui souffre de maniaco-dépression. La maladie qui défigure le quotidien, les crises de violences accentuées par l'alcool, les portes éventrées à coup de tronçonneuse, les départs en pleine nuit par la fenêtre quand le père devient trop menaçant, les mains courantes vaines… mais aussi les tentatives pour se soigner, les moments d'accalmie où l'espoir s'invite. «Quoi qu'il ai fait, c'était mon père, insiste Samuel, le cadet des trois garçons aujourd'hui adulte. C'était un bon cuisinier. Un père aimant aussi, parfois.»

Le récit chemine jusqu'à la soirée fatale, qu'Annie Métais livre, bouleversée, sans jamais excuser son geste. Lorsque les deux réalisateurs, tous deux prix Albert-Londres, ont tourné ces images il y a quatre ans, la sexagénaire était alors en liberté conditionnelle, la date de son procès n'était pas encore fixée. Cette attente confère à des témoignages déjà rares face caméra une intensité toute particulière. L'angoisse partagée d'un nouveau drame à venir, celui de l'incarcération probable de la mère de famille, encore accentuée par les gestes ordinaires qui ponctuent les prises de parole des protagonistes. Mais il n'est surtout jamais question de jugement dans ce film. En début de documentaire, la voix off prévient d'ailleurs: «Cette histoire, nous l'avons écoutée, c'est tout.»