«Mes jumelles sont nées en novembre 2007. Je me suis séparée de leur papa six mois plus tard. A l’époque, j’étais déterminée à me débrouiller sans lui, mais je me suis retrouvée très vite coincée. Lorsque j’ai fait mes demandes d’aides destinées aux familles monoparentales, la CAF m’a expliqué qu’elle ne pouvait rien faire tant que je n’avais pas prouvé que le père de mes enfants ne me versait pas d’argent. Il a donc fallu que je saisisse un juge aux affaires familiales pour officialiser ma séparation conjugale et pour statuer sur l’autorité parentale.
«Mon ex-compagnon a très mal vécu cette démarche. C'est là que les ennuis ont véritablement commencé. Face au juge, il s'est déclaré "impécunieux", donc incapable de subvenir aux besoins de ses filles. En réalité, il travaillait, mais il avait fait exprès de ne déclarer aucun revenu les mois précédant l'audience pour ne pas avoir à verser de pension alimentaire. La juge a finalement statué pour 50 euros symboliques par enfant. Mon ex a dû me les verser pendant trois mois maximum, mais je n'avais pas la force de le poursuivre devant la justice. Je préférais me battre pour de réelles aides, comme cette pension alimentaire de substitution versée par la CAF que j'ai obtenue en 2009. Dans mes souvenirs, on me versait environ 90 euros pour chacune de mes filles. Cet argent ne permettait de subvenir qu'aux besoins basiques de mes jumelles : les habiller, les nourrir, leur offrir un logement décent. Mais les frais de baby-sitter ? Les cours de poney ? Tous ces frais nécessaires à l'épanouissement des enfants et de la mère célibataire ? Je doute qu'on les prenne en compte.»