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Droite

Pour la liste LR aux européennes, Wauquiez invoque la méritocratie

Au-delà d'un trio en tête de liste, la commission nationale d’investiture devrait mercredi nommer une vingtaine de noms mais sans affectation.
Laurent Wauquiez au dîner du Crif en février à Paris. (Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 5 mars 2019 à 19h06
En bon turfiste, Laurent Wauquiez qui a très longtemps pratiqué l’équitation, joue le tiercé dans l’ordre et dans le désordre pour les prochaines élections européennes. Un trio est donné gagnant. Il s’agit de la tête de liste, François-Xavier Bellamy, adjoint au maire de Versailles, d’Agnès Evren, conseillère régionale d’Ile-de-France et patronne de la fédération LR de Paris et de l’eurodéputé sortant, Arnaud Danjean, spécialiste des questions de défense et de sécurité.
Pour le reste, le patron de LR innove. Mercredi, la commission nationale d’investiture devrait sortir de son chapeau une liste d’une vingtaine de noms mais sans affectation. En clair, ces futurs candidats ne sauront pas s’ils figureront sur cette liste en position éligible ou pas. «C’est une manière pour Laurent Wauquiez de créer une émulation et que chacun fasse campagne et se mobilise sans se reposer sur ses lauriers. On verra alors ceux qui jouent vraiment le jeu et ceux qui renâclent à faire campagne», décrypte Arnaud Danjean. «A la fin il choisira les plus méritants, ceux qui auront vraiment mouillé la chemise», indique un autre cadre de LR pour qui le président du parti de droite «vient de remettre au goût du jour la méritocratie élective». «Il veut tester la motivation et le mérite de chacun», y va de, son côté, la porte-parole de LR, Lydia Guirous. Voilà pour le côté positif.

«Fragilité de la présidence Wauquiez».

Mais, en coulisse, nombreux sont ceux qui expliquent que cette liste sans numéro d’ordre «est en fait une manœuvre de Laurent Wauquiez pour gagner du temps. Cela montre deux choses. La première, c’est qu’il est incapable de trancher. La deuxième, c’est la complexité interne de LR entre les différentes tendances que le président du parti doit concilier pour éviter un éclatement, les sortants qu’il faut ménager et les demandes parfois un peu exorbitantes des uns et des autres parce qu’ils ont des personnes à protéger ou à caser», constate un député LR pour qui, au départ «l’exercice est déjà compliqué»: «C’est une véritable alchimie. Il faut respecter tous les équilibres. Y compris géographiques.» «Quand on a appris le truc, on est tous tombé de la chaise. On en est resté sans voix», se désole un des cadres du parti pour qui cela traduit «la fragilité de la présidence Wauquiez».
D’autant plus que le président de LR est soumis à de fortes pressions internes et externes. Les sarkozystes se battent pour imposer Frédéric Péchenard, ancien directeur de la Police Nationale sur la liste. Certains jeunes députés, conscients de la fragilité de leur circonscription cherchent également à se recaser sur la liste. De ses terres normandes, Hervé Morin, président du parti «Les centristes» veut imposer deux noms en position éligible en échange de son soutien.

En nommant, le trio de tête, avec trois profils, très différents Laurent Wauquiez avait réussi à faire montre de sa capacité de rassemblement. «Là c'est tout le contraire. Cela donne l'impression qu'il ne tient pas la boutique», confie un de ses proches. Et de citer comme exemple, la décision de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin de soutenir la liste du parti du président de la République ou le soutien du bout des lèvres susurré par Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, à la liste de son propre parti. «J'ai choisi de rester dans ma famille politique, J'ai deux raisons à cela : d'abord ma fidélité à cette famille, mais aussi l'amitié que j'éprouve pour le trio de tête de liste», a-t-elle dit. Une amitié pour Bellamy qui motivera son vote pour la liste LR. Il y a des soutiens plus enthousiastes.

Une qui ne sera pas sur la liste, c'est Rachida Dati. Dans une interview au Figaro, elle annonce qu'elle «renonce à briguer un mandat de députée européenne». Pourtant, assure-t-elle: «Laurent Wauquiez m’a toujours assuré que je serai en position éligible sur la liste LR. Il me proposera à la sixième place lors de la CNI ce mercredi. Je l’en remercie. Laurent Wauquiez et son entourage ont toujours été constants dans la confiance qu’ils me témoignaient.»