Voilà qui devrait faire (un peu) de bien au budget de l'Etat. En décembre, sous la pression des gilets jaunes, l'exécutif lâchait plusieurs milliards d'euros en «pouvoir d'achat» : «annulation» des futures hausses de taxes sur les carburants, hausse importante de la prime d'activité, retour sur l'augmentation de CSG pour certains retraités, défiscalisation des heures supplémentaires… Montant total de la facture : 10 milliards d'euros, financés en partie par le déficit public (prévu à 2,8% du PIB en 2019, il devrait être finalement de 3,2%), des économies (qu'on ne connaît toujours pas) et des «recettes supplémentaires», annoncées dès le 17 décembre par Edouard Philippe dans une interview aux Echos. D'un côté la taxe Gafa pour les géants du Web, adoptée ce mercredi en Conseil des ministres et dont Bruno Le Maire a confirmé qu'elle rapporterait finalement 400 millions d'euros en 2019 au lieu des 500 millions au départ escomptés. Mais – surtout – en revenant temporairement sur la baisse de l'impôt sur les sociétés pour les très grands groupes, le gouvernement espère engranger 1,7 milliard d'euros de plus que prévu dans la loi de finances pour 2019.
La mesure, inscrite dans le même projet de loi que la taxe Gafa, avait elle aussi été prévue dès décembre. Mais pour des raisons techniques, elle n'avait pas été insérée au projet de loi «portant mesures d'urgences économiques et sociales» voté en quatrième vitesse avant les fêtes de Noël pour tenter de calmer la colère jaune. Dans le détail, cette année, pour les entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires supérieur ou égal à 250 millions d'euros, le taux d'impôt sur les sociétés (IS) restera à 33,33 %, «pour la fraction de bénéfice imposable supérieure à 500 000 euros», est-il écrit dans le projet de loi. Au départ, ce «taux normal» d'IS devait être ramené à 31%.
Dans le sillage de ce qu'avait amorcé François Hollande en fin de quinquennat, le gouvernement Philippe, conformément aux engagements de campagne d'Emmanuel Macron, avait fait adopter fin 2017 une nouvelle «trajectoire» de baisse de l'IS. L'an dernier, les entreprises réalisant moins de 500 000 euros de bénéfices ont vu leur taux passer de 33,33% à 28%. Cette année, le «taux normal» devait donc être ramené à 31% pour les bénéfices supérieurs à 500 000 euros. En 2020, si l'exécutif ne touche plus à rien, le taux à 28 % sera «généralisé» avant de baisser chaque année : 26,5 % en 2021 et 25 % en 2022.