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Libération
Reportage

A Paris, une nouvelle «base» pour mener le combat écologique

Le lieu, qui a ouvert ses portes jeudi soir, fédère une dizaine d'associations de défense de l'environnement et veut soutenir le mouvement citoyen pour le climat.
La «base», le 7 mars à Paris. (Photo Lucile Boiron. Hans Lucas pour Libération)
publié le 8 mars 2019 à 8h50
(mis à jour le 8 mars 2019 à 17h59)

De la rue, l'entrée est encore discrète. Derrière une porte vitrée, surmontée de l'inscription «La Base», se cachent pourtant 700 mètres carrés destinés à devenir «le QG de la mobilisation pour la justice climatique et sociale». Dix associations, parmi lesquelles Alternatiba ou Notre affaire à tous, ont décidé de s'installer ensemble dans le Xe arrondissement de Paris pour mieux unir leurs forces et créer une «mobilisation ininterrompue», complétant le caractère éphémère des marches pour le climat. Au rez-de-chaussée, un bar participatif, qui a ouvert ses portes jeudi soir. Dans les étages, des bureaux, des espaces de coworking et un atelier pour fabriquer les banderoles des manifestations. Pour payer les 200 000 euros de loyer annuel, les associations comptent sur leurs ressources propres, les revenus du bar et surtout sur un crowdfunding en ligne.

«Mouvements épidermiques»

La création de ce QG, nommé la base, pour base d'action sociale et écologique, répond à un besoin d'installation des associations citoyennes de défense de l'environnement, qui grandissent et se multiplient. «Jusque-là, on n'avait pas de locaux du tout, on passait notre vie dans les cafés. Cela commençait à devenir problématique, d'autant qu'on a maintenant deux salariés», explique Marie Pochon, coordinatrice de Notre affaire à tous. «Maintenant on a un bureau commun avec 350.org [une ONG qui promeut notamment le désinvestissement des énergies fossiles] et Partager c'est sympa [des vidéastes activistes]. On peut travailler ensemble plus simplement. Par exemple, Partager c'est sympa fait les vidéos de l'affaire du siècle, la pétition qui veut assigner en justice l'Etat pour inaction climatique, qu'on a contribué à lancer.»

La peinture est à peine sèche mais les associations ont déjà commencé à s'installer. «Ici, on a des salles de réunion, de formation, on peut échanger des idées, inventer, travailler ensemble», explique Pauline Boyer d'Alternatiba. Certains des occupants travaillent plutôt sur le temps long, comme Nature Rights qui agit dans le domaine juridique pour faire reconnaître les droits de la nature. D'autres, comme le Mouvement, profitent «de mouvements épidermiques, de brèches qui s'ouvrent» (dixit Elliot Lepers, son fondateur) pour porter des combats liés à l'environnement comme à l'antiracisme. Les modes d'action divergent mais tous se reconnaissent dans l'urgence climatique et sociale.

paris, le 8 mars 2019,  La base, QG des organisations eco-citoyennes.La «base», le 7 mars à Paris. Photo Lucile Boiron. Hans Lucas pour Libération

Bar participatif

En plus des bureaux dédiés aux organisations fondatrices, la base loue des espaces de coworking à d'autres associations, comme à des entreprises qui partagent les valeurs du lieu. Nathan Labat, cofondateur de la Fourche, un site de vente en ligne de produits bio, a sauté sur l'occasion. «On avait besoin de locaux pour notre entreprise née en septembre. Pour nous, c'est un petit acte militant de s'installer ici, de payer un loyer à des associations dont on soutient les combats. On espère apprendre à leur contact.»

Avec le bar participatif, qui peut accueillir des évènements ponctuels, comme des projections, la base se veut aussi ouvert sur l'extérieur. «Créer un lieu unitaire simplifie aussi la démarche des citoyens qui veulent s'engager, qui se reconnaissent dans le combat écologique sans savoir vers quelle association se tourner, explique Lucas Francou Damesin, le porte-parole de la base. Ici ils peuvent pousser la porte du bar pour qu'on les oriente ou choisir de s'investir dans la base en tant que telle.» Ouvert jusqu'à accueillir, par exemple, Laurent Berger et Nicolas Hulot, qui ont proposé le 5 mars un nouveau pacte social et écologique ? «S'ils veulent venir ici pour organiser des échanges ou présenter leurs mesures, on les accueillera bien sûr, répond Lucas Francou Damesin. Ce lieu doit être une porte ouverte sur le monde de l'engagement.»

paris, le 8 mars 2019,  La base, QG des organisations eco-citoyennes.La «base», le 7 mars à Paris. Photo Lucile Boiron. Hans Lucas pour Libération