«On a mis la librairie en rupture de stock, c'est une bonne nouvelle !» Mercredi dernier, face à la petite centaine d'invités qui se presse dans l'arrière-salle de la Bonne Franquette, Pierre-Yves Bournazel exulte. Nombre de ses amis de la droite parisienne, toutes chapelles confondues, ont grimpé en haut de la butte Montmartre pour assister à la première séance de dédicaces de son livre programme, Revoir Paris (Fayard). Comme autant de témoignages de sympathie pour l'ambition désormais officielle du député du XVIIIe arrondissement, puissance invitante, d'être «le prochain maire de Paris». Il y a là la sénatrice Fabienne Keller, cofondatrice d'Agir, ce refuge de la droite macro-compatible que «PYB» a rejoint peu après sa victoire aux législatives. Mais aussi la vieille garde du parti Les Républicains, ces élus des beaux quartiers de Paris comme le député Claude Goasguen, les sénateurs Pierre Charon et Catherine Dumas, ou encore l'indéboulonnable maire du Ier arrondissement, Jean-François Legaret… Ceux-là mêmes qui, début décembre, avaient tenté de convaincre Laurent Wauquiez de construire une offre municipale sous la houlette du quadra proche d'Edouard Philippe. En vain.
C'est que Bournazel exclut de reprendre sa carte à LR, ce qui est un casus belli pour l'équipe Wauquiez. Pour l'ancien porte-parole de Françoise de Panafieu (candidate de la droite en 2008), bien avant d'être celui d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite de 2016, le temps est venu de s'affranchir des logiques partisanes. Dix ans à siéger sur les bancs de l'opposition au Conseil de Paris l'ont convaincu de la nécessité de «rassembler au-delà des clivages» pour déboulonner Hidalgo. En clair, de fédérer toutes les sensibilités «de la droite au centre gauche» plus que d'être le champion d'une seule. Le chiraquien de cœur, natif de Riom-ès-Montagne (Cantal) et diplômé de Sciences-Po Toulouse, rappelle donc volontiers qu'il a voté avec la gauche pour le Vélib, le tramway et le pacs…
La stratégie le pousse à l’œcuménisme, la tactique lui commande l’indépendance. En 2013, Bournazel, qui convoitait déjà le fauteuil de maire de Paris, avait dû s’effacer face à l’ex-ministre Nathalie Kosciusko-Morizet à l’issue de la primaire organisée par l’UMP. La faute à son âge, mais surtout à un déficit de notoriété. Six ans plus tard, «PYB» n’entend laisser personne le priver de sa chance.