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Libération

Rachida Dati La revancharde négligée des siens

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publié le 18 mars 2019 à 20h06

Rachida Dati affectionne le style direct : «A Paris, tout se jouera au second tour et, comme Sarkozy, je suis dans la "fracasserie". Alors je fracasse.» Reste qu'à 53 ans, la maire du VIIarrondissement peine à se faire entendre des siens. Les barons de la droite parisienne font peu de cas de ses appels du pied à répétition. Dès le 26 octobre, l'ex-ministre de la justice sarkozyste avait confié sur RTL son intérêt pour la capitale. Sans trouver le moindre écho.

Réunis par Laurent Wauquiez début décembre pour évoquer la future bataille de Paris, les élus LR de la ville n'ont pas songé à citer son nom comme possible tête de liste malgré l'absence manifeste d'autres vocations déclarées en interne… Le 2 février, l'entretien que Dati accorde au Parisien ressemble donc à une piqûre de rappel. Elle répète qu'elle est « intéressée par une candidature à la mairie de Paris», mais cela n'a guère plus de retentissement. La vieille garde de LR n'y lit qu'une énième manœuvre de l'éruptive édile pour décrocher une place éligible sur la liste LR aux européennes du 26 mai.

Il faut attendre le 5 mars et l'entretien bazooka que Rachida Dati accorde au Figaro pour qu'enfin son message passe. Même certaine d'être réélue au Parlement de Strasbourg avec sa huitième place sur la liste Les Républicains, la députée européenne renonce à briguer un troisième mandat. Surtout, celle qui, par le passé, n'a pas brillé par son assiduité au conseil municipal de la capitale martèle que «[s]on choix, c'est Paris». Pour elle, c'est une forme de revanche. En 2013, opposée à Nathalie Kosciusko-Morizet lors de la primaire organisée par l'UMP, elle avait jeté l'éponge au bout de trois semaines, faute de soutiens.

Pour beaucoup d'élus Les Républicains, c'est surtout la tuile : vu sa forte notoriété, Rachida Dati a des chances d'avoir gain de cause. D'autant que la fille de maçon marocain au tempérament bien trempé fait partie des rares élus de droite à pouvoir se faire entendre dans les quartiers populaires de l'Est parisien sans affoler l'électorat conservateur de l'ouest de la capitale. A condition, toutefois, de rassembler, en premier lieu, les siens. Et là, chez LR, on a de gros doutes. Les critiques fusent : trop individualiste pour les uns, trop clivante pour les autres. «Si Dati est investie, pensez-vous que tous les maires LR sortants revendiqueront leur étiquette ?» avertit l'un d'eux. Ambiance.