Mieux vaut tard que jamais. Même quand il est vraiment très tard. Le 17 mars 2017, le Conseil constitutionnel validait les parrainages des 1 829 élus – maires, parlementaires, conseillers régionaux et départementaux – ayant soutenu la candidature présidentielle d’Emmanuel Macron. Un excellent résultat pour le candidat d’En marche : hors des grands appareils partisans, celui-ci recueillait le troisième plus grand nombre de signatures derrière François Fillon et Benoît Hamon.
Léthargie
Un tel soutien méritait bien quelques remerciements… que personne, au sein du parti présidentiel, n'a alors pensé à formuler. Ce n'est que le 23 janvier 2019 qu'un courrier, consulté par Libération, a enfin été adressé à ces élus par La République en marche. «Sans vous, rien n'aurait été possible !» y reconnaissent tardivement le délégué général du mouvement, Stanislas Guerini, et son adjoint Pierre Person. Ajoutant le mea culpa à la gratitude : «Nous avons conscience que La République en marche ne vous a pas assez impliqués et pas assez écoutés au cours de ces derniers mois.»
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Pourquoi ce retard ? «Il y a eu des trous dans la raquette, admet le député LREM et ex-ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, désormais chargé d'entretenir le lien entre le camp présidentiel et les élus. Je pense qu'on s'est tous dit qu'il fallait leur écrire et puis personne ne l'a fait.» Symptôme d'un double mal : la léthargie dans laquelle a sombré le mouvement sitôt son champion parvenu au pouvoir, et le manque d'empathie du nouvel exécutif vis-à-vis des élus locaux durant les premiers mois du quinquennat. Deux lacunes que les macronistes s'efforcent désormais de réparer, multipliant, sans toujours convaincre, les initiatives en direction des «territoires».
«Créer des liens»
«Les équipes dédiées aux relations avec les élus au sein de [LREM] ont été renforcées afin d'être davantage à votre écoute», fait ainsi valoir le courrier du parti. Annonçant la naissance d'un «institut de formation» interne dirigé par le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret et celle d'une «fédération des élus» pilotée par Stéphane Travert. Baptisée «La République ensemble», celle-ci à vocation à «créer des liens, organiser des cercles de réflexion, offrir un bouquet de services» aux élus volontaires, explique le député, souhaitant notamment «favoriser les rencontres entre ceux-ci et les ministres». Un projet qui, c'est promis, n'a rien à voir avec la préparation des prochaines élections locales, défis incertains pour un parti sans grand ancrage territorial…