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Exclusion temporaire d'Orbàn du Parti populaire européen : LR arrive enfin à s'entendre

Après avoir été longtemps divisé sur la question, la formation de Laurent Wauquiez a finalement voté à l'unisson la suspension du dirigeant.
Viktor Orbán à Bruxelles, ce mercredi. (Photo Emmanuel Dunand. AFP)
publié le 20 mars 2019 à 20h30

Pas de fausse note cette fois pour les 20 eurodéputés LR, membres du groupe du Parti populaire européen (PPE), qui rassemble les différentes formations de droite de l’Union. Après cinq heures de discussions, les députés LR ont cette fois voté à l’unisson avec leurs collègues de l’UE pour une exclusion temporaire du parti de Viktor Orbán du PPE. Histoire de laisser passer les élections européennes. Certaines formations, principalement scandinaves, avaient demandé son exclusion pure et simple du PPE. Motif de cette demande, une campagne du parti du leader populiste mêlant les portraits du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et du milliardaire George Soros, accusés tous deux de comploter pour faire venir encore plus de migrants de confession musulmane en Europe et en Hongrie, et de vouloir ainsi mettre à mal la civilisation chrétienne. En prenant pour cible George Soros, Viktor Orbán n’a pu échapper aux accusations d’un antisémitisme larvé.

En septembre, le cas Orbán était déjà sur la sellette. L’UE demandait déjà le déclenchement d’une procédure de sanctions à son encontre. Le chef du gouvernement magyar était alors accusé de porter atteinte à l’Etat de droit, de bafouer les libertés et valeurs européennes dans la presse, à l’université, contre les minorités et les migrants, et en matière de corruption et d’indépendance de la justice. Le groupe LR s’était alors divisé en trois tiers. Une partie des députés LR du PPE, dont Arnaud Danjean, s’était abstenue, fondant son vote sur des motifs juridiques. Ces députés avaient jugé que le texte proposé par l’Union européenne et soumis au vote ne concernait pas seulement les atteintes à l’Etat de droit, mais mêlait des considérations sur la politique intérieure de la Hongrie, notamment en matière migratoire, qui n’avait pas le droit de citer dans le cadre de cette procédure.

Compromis

Une partie avait voté contre, dont Nadine Morano, par soutien, justement, avec la politique antimigrants du gouvernement hongrois. Et ceux qui avaient alors voté pour la mise en œuvre de sanctions l’avaient fait pour condamner les atteintes à l’Etat de droit du gouvernement Orbán. De sévères divergences internes au sein de LR que n’avaient pas manqué de pointer les opposants à Laurent Wauquiez, à commencer par Valérie Pécresse. La patronne de la région Ile-de-France avait alors dénoncé, dans ce vote pour le moins disparate, les fruits de la ligne peu claire du patron de LR sur l’Europe. Pour éviter ce genre de dissonance, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes avait donné cette fois comme consigne de vote à ses troupes de trouver une solution de compromis, en clair de temporiser.

D'où le vote pour une exclusion temporaire. Pas question, en effet, pour LR, de remettre en cause la politique migratoire de la Hongrie, choix d'un pays souverain et que, par ailleurs, le parti de Laurent Wauquiez ne «réprouve pas». Samedi, lors du dernier conseil national, Arnaud Danjean, numéro 3 de la liste aux européennes, avait alors considéré ne pas se sentir «autorisé à aller donner des leçons aux Hongrois ou aux Polonais parce qu'ils nous disent : "La société multiculturelle que vous avez ne fonctionne pas."» Mercredi matin, Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat déclarait n'assumer ni «la politique d'ouverture des frontières [de] Merkel» ni «la démocratie illibérale d'Orbán», qu'il a qualifié de «pathologie de la démocratie». Mais sans pour autant condamner la politique migratoire menée par le chef du gouvernement hongrois. le parti de droite a trouvé là le plus petit dénominateur commun pour se prononcer sur le cas Orbán sans afficher ses divisions.