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Libération
Droit de suite

Paraplégique après avoir été défenestrée par son compagnon, elle pourrait être indemnisée à 100%

Le Fonds de garantie des victimes proposait jusqu'alors une indemnisation partielle, estimant que la jeune femme, victime de violences conjugales régulières, était en partie responsable de ce qui lui est arrivé car étant retournée à son domicile.
Lors d'une manifestation contre les violences faites aux femmes, en mars 2018 à Paris. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/Photo Christophe Archambault. AFP)
publié le 20 mars 2019 à 13h06

Son histoire avait suscité une vague d'indignation. Début janvier, le quotidien local le Maine libre racontait les turpitudes d'Aïda – un prénom d'emprunt – avec la justice, qui semblait avoir du mal à la reconnaître pleinement comme victime. Un soir d'août 2013, cette jeune femme du Mans (Sarthe) avait été défenestrée par son compagnon, après une soirée de violentes disputes. Aïda avait d'abord tenté de fuir le domicile, mais faute de places d'hébergement d'urgence via le numéro du Samu social ou encore de transports nocturnes pour aller trouver refuge dans sa famille, elle avait fini par rentrer chez elle. Et c'est en somme ce qu'on semblait lui reprocher : le Fonds de garantie des victimes (FGTI) lui refusait l'indemnisation maximale, au motif qu'elle aurait commis une «faute civile» en retournant chez elle. «La loi prévoit que la victime qui contribue, par sa faute, à son dommage peut voir son droit à l'indemnisation réduit», avait argué le FGTI début janvier.

Une décision contestée en justice par la victime et ses avocats. Ce mardi, le parquet vient de rendre de nouvelles conclusions, estimant désormais qu'Aïda était éligible à une indemnisation totale, selon France Info. La jeune femme devrait être définitivement fixée sur son sort lors de l'audience en appel, prévue le 27 mai, mais ses conseils se sont d'ores et déjà félicités de la tournure des événements. «C'est une très bonne surprise de voir que le ministère public considère que le fait qu'une femme battue rentre chez elle, ce n'est pas une cause des violences qu'elle va subir derrière», a ainsi déclaré Me Mathias Jarry à France Info. Et de poursuivre : «Dans le combat que l'on mène, on ne peut pas considérer qu'elle était à moitié victime ou en partie responsable de ce qui lui est arrivé.»

La secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, Marlène Schiappa, a elle aussi salué la position du parquet, estimant sur Twitter qu'«une femme n'est jamais responsable des violences qu'elle subit». Le compagnon d'Aïda, lui, avait écopé de quinze ans de prison pour son geste.