Quinze jours pour conclure. Les principaux acteurs du monde des HLM, qui gèrent 4,5 millions d’habitations et logent près d’un Français sur six, espèrent trouver un compromis acceptable avec Edouard Philippe sur les prélèvements indirects décidés par le gouvernement dans leurs finances. Ils estiment que leur capacité d’investir est remise en cause.
La loi de finances 2018 a fait baisser de 1,5 milliard d'euros les APL des locataires HLM. Pour compenser, le gouvernement a obligé les bailleurs sociaux à baisser leurs loyers à hauteur de 900 millions d'euros, tandis que le taux de TVA sur leurs travaux a été augmenté de 5,5 % à 10 %, ce qui a rapporté 800 millions d'euros à l'Etat. Au total, en 2018, la note s'est élevée à 1,7 milliard pour les HLM.«Un tel prélèvement bouffe les trois quarts de la marge des organismes, qui est de l'ordre de 2,4 milliards par an», commente Marcel Rogemont, président de la Fédération des offices publics de l'habitat. Ce qui a des «conséquences funestes pour le logement social : moins de constructions de nouveaux logements, moins de réhabilitations thermiques des immeubles existants, moins de rénovation urbaine des quartiers en difficulté».
Cette rencontre à Matignon«a permis de faire sauter un bouchon», estime Marcel Rogemont.Le gouvernement exigeait une nouvelle baisse des loyers jusqu'à atteindre 1,5 milliard d'euros en 2020. En ajoutant les 800 millions de hausse de la TVA sur travaux, l'effort demandé aux HLM monterait à 2,3 milliards d'euros l'an prochain.
Une somme folle. Le gouvernement accepte de rediscuter sur le chiffre de 1,5 milliard, sans que l’on sache ce qu’il va lâcher réellement. Le secteur des HLM demande également que le gouvernement rabaisse le taux de TVA à 5,5 % sur la construction de HLM très sociaux et la rénovation urbaine des quartiers en difficulté. Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, sera chargé d’élaborer un accord.
Une crise des HLM toucherait toute la chaîne du logement.Ce serait aussi beaucoup moins de travaux d’entretien et de rénovation urbaine. Donc de travail pour les entreprises du BTP.
Au sortir de Matignon, certains considéraient que les négociations ont véritablement commencé. Elles ont quinze jours pour aboutir.