Le contournement routier de Beynac, 3,3 kilomètres de bitume au pied des châteaux de la Vallée de la Dordogne, va-t-il voir les pelleteuses reprendre leur activité ? Interrompu en référé le 28 décembre par le Conseil d'Etat, le chantier mené par le conseil départemental de la Dordogne pourrait repartir si le tribunal administratif de Bordeaux, qui examinera les recours au fond ce mardi, décidait de suivre les conclusions du rapporteur public.
Une histoire qui dure depuis près de vingt ans
Conformément à la procédure, ce dernier a fait connaître le sens de ses conclusions aux parties en présence avant l’audience. On sait donc qu’il s’apprête à demander au tribunal de rejeter les recours des associations contre ce projet. Depuis près de vingt ans que dure cette histoire, le tribunal administratif de Bordeaux a régulièrement envoyé promener les nombreux défenseurs de l’environnement ou du patrimoine qui ont déposé des recours.
Mais là, le contexte a sérieusement changé. Saisi en référé, autrement dit pas sur le fond, le Conseil d’Etat a suspendu les travaux du conseil départemental en soulignant les nombreuses irrégularités de la procédure administrative. Mais il est allé plus loin : dans son arrêt, la haute juridiction recense aussi les nombreuses atteintes à l’environnement de ce chantier.
«Des études en veux-tu en voilà»
Pour Germinal Peiro, le président socialiste du département qui a fait de l'aboutissement de cette entreprise une affaire personnelle, cet échec judiciaire a sonné comme une alarmante première. Pour l'audience de ce mardi, le département a déposé un dossier de 180 pages qui collationne des éléments aussi divers que la carte des cavités et mouvements de terrains du département, la description de la future véloroute «voie verte» ou le décorticage de l'accident d'autocar de Puisseguin (Gironde). Plus «des études en veux-tu en voilà réalisées sur commande après l'arrêt du Conseil d'Etat», comme l'écrit dans ses conclusions David Gaschignard, défenseur de quatre associations.
Que va-t-il se passer au tribunal administratif ? Le président va-t-il suivre le rapporteur public, considérant de fait que les remarques du Conseil d’Etat sont sans objet ? Si c’est le cas, on n’est pas sorti de l’auberge. Les associations annoncent d’ores et déjà qu’elles feront appel.