L'écologie politique est-elle soluble dans le macronisme ? Non, avait conclu l'an passé Nicolas Hulot à l'issue d'un séjour de quinze mois au gouvernement. Pourquoi pas, veut encore croire Pascal Canfin : l'ex-ministre de François Hollande sera bien le numéro 2 de la liste LREM aux élections européennes, a appris Libération de bonne source, avant l'officialisation de sa candidature ce mardi. L'écolo, qui a déjà siégé au Parlement européen entre 2009 et 2012, l'a quasiment confirmé en démissionnant lundi de la branche française de l'ONG WWF, dont il était le directeur général depuis novembre 2015. Il secondera, sur la liste macroniste, l'ex-ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, dont on attendait également la démission dans la soirée de lundi et dont le départ devrait entraîner un remaniement ministériel.
Le camp présidentiel se frotte les mains de ce ralliement longtemps incertain, censé décourager les transferts de sympathisants macronistes vers la liste EE-LV de Yannick Jadot. Plus largement, il s’agissait pour LREM de reconstituer l’alliance des modérés europhiles ayant soutenu Macron - amis d’Alain Juppé, sociaux-démocrates, centristes patentés et écolos «pragmatiques».
«Big-bang». Ce compagnonnage n'avait rien d'évident, à en croire Canfin lui-même : «Je ne souhaite pas être sur la liste En marche aux européennes car je veux garder ma liberté», avait-il indiqué en novembre sur Twitter. Capable d'accorder quelques satisfecit au gouvernement, l'écologiste partageait la sévérité du ministre démissionnaire Nicolas Hulot sur l'action environnementale du macronisme : «Aucun écologiste ayant des convictions écologiques n'ira dans ce gouvernement s'il n'y a pas de big-bang, disait-il l'été dernier juste après le départ de Hulot. L'Etat aujourd'hui n'est pas organisé pour produire la transition écologique à l'échelle dont on a besoin.»
C'est ce mardi à 15 heures que seront présentés les 30 premiers candidats de la liste LREM - qui, au niveau que lui attribuent les derniers sondages, pourrait compter sur «environ 23 ou 24 eurodéputés», selon un connaisseur. D'autres profils écolos pourraient y figurer, comme l'ex-secrétaire national d'EE-LV Pascal Durand ou Nathalie Lhayani, la conseillère Europe de Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la Transition écologique.
«Désaccords». «Ils ont fait un choix d'efficacité politique, estime l'ex-eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, proche du chef de l'Etat. Vu l'état de l'Europe, ils peuvent avoir des désaccords avec Macron, comme moi. Mais ils savent que, s'il est défait, tous les proeuropéens seront démonétisés et on s'en voudra tous énormément. Penser qu'une défaite de Macron le rendrait plus écolo ou moins libéral est une grossière erreur.» Moins charitable, et pour cause, Yannick Jadot a condamné lundi l'«incompréhensible» décision de Canfin, alors que «l'ensemble des ONG de protection de l'environnement critiquent en permanence les renoncements de ce gouvernement».
Parmi les autres candidatures pressenties, le journaliste Bernard Guetta, le directeur de campagne Stéphane Séjourné, le conseiller du Premier ministre Gilles Boyer, la navigatrice Catherine Chabaud ou encore l’ex-ministre italien des Affaires européennes Sandro Gozi.
«Je ne sais rien de rien, assurait un candidat potentiel contacté par Libération. Comme dans les remaniements ministériels, tout peut changer jusqu'à la dernière minute : tel qui se voyait aux Finances reçoit les Anciens Combattants, tel autre qui se croyait Premier ministre devient préfet des Basses-Alpes.»