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Libération
Témoignage

Thierry Seuru Carreau des producteurs

publié le 26 mars 2019 à 18h36

Dans l'un des neuf pavillons de grossistes en fruits et légumes, c'est tellement la folie en ce jeudi que personne n'a deux minutes pour répondre à trois questions. En face, au carreau des producteurs, c'est plus calme. Thierry Seuru est maraîcher dans la Sarthe, avec ses deux frères Philippe et Rodolphe. Comme son grand-père et son père avant lui. «Mon père a fait l'ouverture de Rungis. Avec mes frères, on a repris.» Le carreau des producteurs, créé en 2004, n'était pas vraiment dans l'ADN de ce marché de négoce qu'est Rungis, mais aujourd'hui, son existence paraît évidente. «Beaucoup de maraîchers de la ceinture verte de Paris sont ici», explique Thierry Seuru.

Face à la braderie des produits espagnols, acheter local peut sembler luxueux. Mais quand, «toute l'année, on ne va proposer que du top» ou qu'on lave sa mâche à la vapeur comme le fait Thierry, «on ne peut pas produire à pas cher». Il sait bien que «la ménagère», comme il dit à l'ancienne, «a moins de moyens». Ses clients sont les détaillants qu'on trouve sur les marchés ou dans des commerces. Arthur, «fruits et légumes au Perreux [Val-de-Marne, ndlr] depuis quarante ans», qui le tanne pour dégoter un cageot de laitues, estime que les médias «n'expliquent pas assez que si la salade que je vais acheter 1,60 euro leur coûte 2,30 euros, c'est parce qu'il y a des gens comme Thierry derrière». Voilà, c'est expliqué.

Thierry a un fils et une fille qui n'ont pas choisi ce métier-là, mais les deux fils de son frère «sont dans l'entreprise».