Elle a été mise à toutes les sauces, et il était une fois encore tentant de la resservir, en la détournant, pour accompagner le plat électoral européen qui se présente. Guy Mollet a laissé une formule, passée à la postérité, sur la «droite la plus bête du monde». Elle aurait pu s'appliquer à cette gauche qui va se présenter aux élections de mai divisée comme jamais. Mais la gauche post-élection d'Emmanuel Macron n'est pas simplement «bête» car éparse façon puzzle. Elle est «bête ET méchante». C'est pourquoi la formule molletiste apparaît un peu… molle pour se désoler de la catastrophe annoncée. D'où notre titre, pastiche d'un film, «Moi, gauche et méchant».
Il y a deux ans, on aurait presque pu les appeler Yannick Glucksmann, Raphaël Hamon et Benoît Jadot. Aujourd’hui, non seulement Yannick Jadot (EE-LV), Raphaël Glucksmann (Place publique) et Benoît Hamon (Génération·s) n’ont pas réussi à s’entendre pour constituer une liste commune, mais ils insultent l’avenir à force d’anathèmes. Une virilité de cour de récré du plus mauvais effet, qui fait parfois passer Jean-Luc «le Grognard» Mélenchon pour un agneau. C’est dire. Cette division testostéronée de la gauche a comme effet immédiat d’ouvrir deux autoroutes, à Emmanuel Macron et Marine Le Pen, et un boulevard à François-Xavier Bellamy. Là encore, c’est dire. Personne, y compris à droite, ne donnait très cher il y a quelques semaines de la tête de liste LR. Elle est en train de se faire un nom, tranquillou, voire une place sur le podium du scrutin européen. Le pire est que la division et les insultes mortifères prospèrent sur fond de prise de conscience commune à gauche, y compris avec La France insoumise, que les enjeux écologiques constituent une planche possible de salut. Tous d’accord pour sauver la planète, en somme, mais en commençant par son lopin électoral.