«Il est possible que, entre le Maroc et la Corée du Sud, il y ait un petit différentiel de body language» : Cédric O s'est laissé aller lundi à un trait d'humour - aussi rare que travaillé - lors de sa passation de pouvoirs avec Mounir Mahjoubi, faisant référence à leurs origines familiales. «Je suis probablement moins expansif mais nous partageons la même détermination», s'est immédiatement ressaisi le fils d'un cadre de Séoul et d'une enseignante lyonnaise tout en louant «l'excellence et le dévouement de ceux qu'on appelle les technocrates» de Bercy, une maison qu'il connaît très bien : il y a été conseiller de Pierre Moscovici puis d'Emmanuel Macron.
A 36 ans, ce fidèle du chef de l’Etat, qu’il a suivi à l’Elysée après avoir été trésorier de sa campagne en 2017 - poste crucial s’il en est - s’occupait déjà des enjeux numériques dans le cabinet présidentiel. Au printemps 2018, il a été l’artisan du sommet «Tech for Good» où une soixantaine de grands noms du numérique s’étaient pressés à l’Elysée, une journée à 1 500 milliards de dollars (plus de 1 600 milliards d’euros) en valorisation boursière cumulée.
Comme une grande partie des «Macron Boys», le nouveau secrétaire d’Etat a fait ses premières armes politiques «Rue de la Planche», le surnom du QG de campagne de DSK lors de la primaire de 2006. Ségolène Royal battra à plates coutures celui que Cédric O, Stanislas Guerini, Ismaël Emelien ou Benjamin Griveaux s’amusent à appeler «Dieu», mais une bande est née. Elle ne se quittera plus. Passé par Terra Nova ou la fondation Jean-Jaurès, antichambres du pouvoir socialiste, Cédric O, diplômé du prestigieux lycée du Parc à Lyon et d’HEC, bascule dans le privé, chez Safran. A la surprise de la direction, il demande à travailler en usine. En Seine-Saint-Denis, il sera agent de maîtrise puis chef de ligne, dirigeant une vingtaine d’ouvriers chargés d’assembler les pièces de moteur du Rafale. Loin des bulles de la nouvelle économie.