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Libération

«Si on veut truquer un match, ce n’est pas la peine d’acheter tous les arbitres, l’arbitre central suffit.»

Christophe Perruaux, l’un des deux procureurs, lors du réquisitoire dans le procès Tapie, lundi
par Pierre Griner
publié le 1er avril 2019 à 21h26

Lundi, alors que le procès de Bernard Tapie pour «escroquerie» et «détournements de fonds publics» entrait dans sa quatrième et ultime semaine d'audience, le parquet a livré son réquisitoire. Cinq ans de prison ferme ont été requis contre Bernard Tapie et trois ans de prison, dont dix-huit mois ferme, contre Stéphane Richard.

Christophe Perruaux, l'un des deux procureurs à requérir, a d'abord tenu à rappeler que «cette affaire n'était pas l'affaire Tapie, mais l'affaire de l'arbitrage», soulignant que «M. Tapie n'était victime de rien». Le magistrat est ensuite revenu sur deux points cruciaux mais «définitivement tranchés» : l'absence de faute commise par le Crédit lyonnais et sa filiale SDBO (Société de banque occidentale), ainsi que le caractère frauduleux de l'arbitrage Adidas, qui a permis d'accorder en 2008 près de 400 millions d'euros à l'homme d'affaires. Il a aussi accablé certains des autres prévenus, notamment Pierre Estoup, l'un des trois arbitres, soupçonné d'avoir influencé la décision, de même que Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, suspecté d'avoir pesé en faveur d'un arbitrage en 2007 et «désobéi dans [le] dos» de sa ministre. Le deuxième représentant du ministère public, Nicolas Baietto, a tancé : «Vous avez un citoyen [Tapie] et son avocat qui, grâce à la main qu'ils ont sur un arbitre, vont commettre une fraude, qui a la singularité d'être commise sous les feux médiatiques et les ors de la République.» Cette semaine, l'audience va se poursuivre avec les plaidoiries de la défense, notamment celle de l'avocat de Bernard Tapie, Hervé Temime. Le jugement, mis en délibéré, ne sera pas connu avant plusieurs semaines.