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Libération
Mini-remaniement

Sibeth Ndiaye, des coulisses aux estrades de la macronie

Jusqu'ici conseillère en communication du chef de l'Etat, elle remplace Benjamin Griveaux comme porte-parole du gouvernement.
Sibeth Ndiaye, nouvelle porte-parole du Gouvernement, lors de son premier Conseil des ministres, lundi. (Denis ALLARD/Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 1er avril 2019 à 6h25

Même un petit remaniement peut réserver de grandes surprises. Emmanuel Macron et Edouard Philippe en ont fait une belle, dimanche, aux observateurs de l’exécutif, peu nombreux à avoir parié sur la nomination de Sibeth Ndiaye comme secrétaire d’Etat et porte-parole du gouvernement, en remplacement du sortant Benjamin Griveaux.

Certes, défendre et illustrer la politique macronienne était déjà le pain quotidien de cette ex-socialiste de 39 ans : jusqu’ici conseillère presse du chef de l’Etat, elle entretenait avec les journalistes un commerce quotidien, tantôt cordial, tantôt rugueux selon l’occasion. Mais c’est alors depuis les coulisses qu’agissait la native de Dakar, quasi invisible du grand public et dont la presse attribuait ensuite les propos off à «l’entourage du chef de l’Etat».

Désormais, c’est au contraire en pleine lumière qu’opérera la nouvelle porte-parole. Dès lundi, puis chaque semaine, c’est à elle qu’il reviendra de faire le compte rendu public du conseil des ministres. Mais aussi de porter la parole de l’exécutif dans les médias, cette fois-ci sous son nom.

Dans le premier cercle

Avec Sibeth Ndiaye, le chef de l’Etat promeut l’une de ses premières fidèles. Fille d’un ex-député et d’une haute magistrate sénégalais, elle fait ses armes militantes à l’UNEF, puis au Parti socialiste, où elle a occupé les fonctions de secrétaire nationale chargée de la petite enfance. Se tournant vers la communication, elle assiste en la matière le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone, puis, en 2012, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Lorsque celui-ci quitte le gouvernement en 2014, Sibeth Ndiaye reste à Bercy auprès du nouveau ministre de l’Économie, Emmanuel Macron. Et le suit en 2016 quand ce dernier fonde son mouvement et engage sa campagne.

Une partie du grand public reconnaîtra peut-être la nouvelle secrétaire d'Etat : elle était l’un des principaux personnages – en fait, presque la protagoniste – du documentaire «Les coulisses d’une victoire», récit de la campagne tourné au cœur de l’équipe macroniste, où la communicante n’est jamais très loin du chef de l’Etat. Et n’hésite pas à reprendre vertement les auteurs d’articles jugés indélicats pour ce dernier. Autre immortalisation : le jour de l’investiture du nouveau président, un groupe de jeunes hussards macronistes pénètre à pied dans l’Elysée, offrant aux photographes ses sourires assurés et son pas conquérant. Sibeth Ndiaye, robe à fleurs parmi les costards sombres, est en tête du petit groupe.

Mise à distance

Depuis ce jour, la conseillère était, en théorie, la porte d’entrée obligatoire pour toute demande de la presse concernant le chef de l’Etat. Une position provisoirement menacée par la nomination, en septembre 2017, de l’ex-journaliste Bruno Roger-Petit comme porte-parole de la présidence, poste finalement supprimé un an plus tard. Ces derniers temps, c’est l’hypothèse d’un remplacement de Sibeth Ndiaye qui circulait, encouragée par d’autres départs de conseillers présidentiels. Un scénario finalement accrédité… par la promotion de l'intéressée.

D'un abord cordial, elle n'en a pas moins accompagné la politique de mise à distance des journalistes théorisée par le chef de l'Etat. Défendant notamment le déménagement de la salle de presse élyséenne hors de l'enceinte du château, ce qui a privé les journalistes d'un point de vue sur les allées et venues des visiteurs présidentiels. La communicante a aussi été critiquée pour avoir déclaré, selon des propos rapportés en 2017 par l'Express, «assumer parfaitement de mentir pour protéger le président» – des propos qu'elle a ensuite démentis.

C'est sur son compte Twitter, enfin, qu'elle a diffusé en juin 2018 la courte vidéo où Emmanuel Macron, en pleine préparation du futur «plan pauvreté», déplorait que les aides sociales coûtent «un pognon de dingue». Une intervention dont on connaît aujourd'hui l'accueil mais qui, vue de l'Elysée, passait alors pour une excellente idée.