Ils devaient être neuf candidats sur scène. Ils seront finalement douze. Ce qui promet un grand débat animé au mieux, cacophonique et ingérable au pire. France 2 a décidé ce mardi d’ajouter François Asselineau, Benoît Hamon et Florian Philippot à sa liste de participants à l’Emission politique de jeudi soir (21 heures). Les têtes de liste respectives de l’UPR, de Génération·s et des Patriotes aux élections européennes du 26 mai rejoindront sur le plateau de France Télévisions celles de La France insoumise (Manon Aubry), du Rassemblement national (Jordan Bardella), de LR (François-Xavier Bellamy), du PCF (Ian Brossat), de Debout la France (Nicolas Dupont-Aignan), du combo PS-Place Publique (Raphaël Glucksmann), d’EE-LV (Yannick Jadot), de l’UDI (Jean-Christophe Lagarde) et de LREM (Nathalie Loiseau). La longueur de la phrase que vous venez de lire préfigure sans doute la fluidité du débat à venir. Et la difficulté de la tâche des journalistes Thomas Sotto et Alexandra Bensaïd, présentateurs d’une émission où les prétendants au Parlement européen seront alignés derrière des pupitres.
«Pluraliste»
Le changement de pied de France Télévisions fait suite à un jugement du tribunal administratif de Paris prononcé lundi. Saisi en référé via trois requêtes différentes par Asselineau, Hamon et Philippot, éconduits de la première sélection de candidats, il a «enjoint» à l'entreprise publique à programmer les trois hommes à l'affiche de cette émission. Ou, à défaut, à «un autre grand rendez-vous d'information et de débat avant le 23 avril». «Les décisions de ne pas inviter ces trois candidats au débat du 4 avril sont susceptibles de porter une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale que constitue le respect du principe du caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion», justifie le tribunal administratif en s'appuyant sur les obligations inscrites au cahier des charges de France Télévisions.
«Atteinte grave à la liberté de la presse»
France Télévisions se plie à la décision de justice, mais de mauvaise grâce. Le groupe audiovisuel dirigé par Delphine Ernotte a annoncé qu’il allait faire appel. «La décision d’une juridiction administrative, portant ainsi sur le contenu éditorial et la programmation d’une émission d’information, qui plus est en dehors de la période de campagne électorale définie par les règles du CSA (qui démarre le 15 avril), porte une atteinte grave à la liberté de la presse», explique-t-il dans un communiqué. L’enjeu, pour France Télévisions, est évident : il faut annuler cette décision judiciaire qui risque de créer un précédent et de peser dans la programmation des futures émissions politiques. Sans quoi on pourrait bientôt se retrouver à ne plus pouvoir organiser un débat sans solliciter des partisans de Jacques Cheminade et Jean Lassalle.