Tous les dimanches, retrouvez la chronique «Age bête», le rendez-vous animal de Libération.
Une vidéo choc «de sensibilisation», une missive envoyée aux parlementaires exigeant la réécriture de la loi, une pétition de soutien signée, pour l'heure, par 17 000 personnes et un site internet pour enrober le tout… Contre la corrida, la Société protectrice des animaux (SPA) a décidé de faire feu de tout bois. Dénonçant une «tradition qui repose sur des pratiques barbares et la souffrance animale», l'association de défense animale, par ailleurs secouée par une affaire de favoritisme envers un fournisseur de croquettes impliquant son ancienne présidente, a en effet lancé début avril une grande campagne pour l'abolition de la tauromachie.
L'objectif, assumé : obtenir des députés et des sénateurs la fin de l'exception pénale qui autorise, au nom d'«une tradition locale ininterrompue», les corridas dans dix départements du sud de la France – «dans le Midi de la France, entre le pays d'Arles et le Pays basque, entre la garrigue et la Méditerranée, entre Pyrénées et Gascogne», précise la jurisprudence. «Un tel spectacle incite à légitimer toutes les violences qui sont commises sur les animaux, souligne dans un communiqué offensif le président bénévole de la SPA, Jacques-Charles Fombonne. Un grand élan de mobilisation est possible aujourd'hui pour gagner ce combat et faire en sorte que les arènes ne se transforment plus en scènes de crime.»
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L'association de protection animale, qui plaide également l'«urgence» face à cette «maltraitance», n'en est en fait pas à sa première tentative pour faire interdire les corridas. En novembre 2017, mobilisée contre des «pratiques d'un autre siècle» comme la chasse à courre, la SPA avait ainsi déposé plainte contre X devant le procureur de Paris pour «sévices graves et actes de cruauté» – un fait puni de deux ans de prison et de 30 000 euros d'amende selon l'article 521-1 du code pénal. A cette époque, la SPA entendait passer par le terrain judiciaire pour obtenir gain de cause ; mais, selon l'association, sa plainte, comme les nombreuses tentatives législatives ces dernières années, n'a pas abouti.