Les deux militants antispécistes lillois, reconnus coupables de dégradations contre différents commerces, ont échappé de justesse ce lundi à la prison. Le tribunal de grande instance de Lille les a condamnés à dix-huit mois d’emprisonnement dont huit mois avec sursis pour l’un, quinze mois dont neuf avec sursis pour l’autre. Mais il leur a donné la possibilité d’aménager leur peine. Ils évitent ainsi l’incarcération. Deux autres prévenues ont été condamnées à six mois de prison avec sursis, pour complicité.
Ce groupe est responsable de l'incendie de deux restaurants spécialisés dans la viande fin décembre, début janvier, et d'actes de vandalisme contre des boutiques, boucheries en tête. Le deuxième départ de feu aurait pu avoir des conséquences dramatiques, avec un compteur de gaz touché, des voisins évacués pendant deux heures dans la nuit, et l'intervention de GRDF pour sécuriser l'installation. «Ils avaient choisi des restaurants isolés, qui n'avaient pas de logements situés au-dessus d'eux», précise leur avocate, Muriel Ruef, mais sans toujours réaliser les dangers. «Ils en ont pris conscience devant les images montrées par la police», raconte-t-elle. Ils ont d'ailleurs exprimé des regrets lors du procès. L'avocate trouve les peines «plutôt adaptées à leur profil» : les faits sont graves, mais le tribunal a tenu compte de leur casier judiciaire vierge, et du mois de détention préventive qu'ils ont déjà effectué. Muriel Ruef précise que ses clients se donnent quelques jours de réflexion pour faire appel, ou pas, de la décision.
La fédération des bouchers du Nord, partie civile dans ce dossier, est mi-figue, mi-raisin : son président, le tonitruant Laurent Rigaud, en pointe contre les attaques de commerces par les antispécistes dans sa région, reconnaît sa satisfaction face au travail policier et judiciaire accompli. Mais il trouve les peines légères. «Ils ne vont pas en prison, alors qu'on leur reproche 13 attaques, qu'ils ont reconnu les faits, et qu'ils risquent jusqu'à dix ans d'emprisonnement», explique-t-il. Mais c'est le calme retrouvé qui compte, pour lui : «On espère que maintenant ils communiqueront de leur côté sur l'antispécisme, sans venir fracasser nos vitrines la nuit.»