Menu
Libération

Le chômage au Royaume-Uni a-t-il vraiment baissé depuis 2016 ?

publié le 12 avril 2019 à 19h26

La perspective du Brexit est-elle sans effet sur l’économie britannique ? D’après Eurostat, l’institut statistique de l’Union européenne, le taux de chômage au Royaume-Uni a bien baissé depuis le référendum de 2016 qui a acté sa sortie de l’Union. Il est ainsi passé de 5 % en mai 2016 à 3,9 % au début de l’année. Soit son plus bas niveau depuis 1975. Le taux d’emploi a même atteint un nouveau record historique, à 76,1 %, et les créations de postes ont dépassé les prévisions, avec 222 000 nouveaux emplois entre novembre 2018 et janvier 2019, après déjà 141 000 le trimestre précédent.

Un front de l’emploi au beau fixe qui colle mal avec l’évolution de la croissance outre-Manche depuis le référendum. Après 1,8 % de hausse du PIB en 2016 et 2017, l’activité a ralenti à 1,4 % en 2018 et les autorités n’attendent plus que 1,2 % cette année. Un phénomène paradoxal qui a plusieurs explications assez différentes.

Premières d'entre elles, données par l'Office for National Statistics (ONS), et indépendantes du Brexit : le nombre croissant de femmes occupant un emploi, notamment en raison du report de leur âge de départ à la retraite, mais aussi la progression du travail à temps partiel au Royaume-Uni. La seconde catégorie de raisons est cette fois-ci plus étonnante, et bien liée au Brexit. «Les entreprises souhaitent embaucher tant qu'elles le peuvent, compte tenu des craintes grandissantes sur la pénurie de main-d'œuvre qualifiée dans certains secteurs», notamment en raison d'une baisse de l'immigration en provenance de l'UE, relevait Howard Archer, économiste chez EY Item Club, auprès de l'AFP. D'aucuns considèrent également que les entreprises préfèrent embaucher plutôt que d'investir dans l'outil de production (l'investissement est en berne depuis plusieurs mois au Royaume-Uni), toujours en raison des incertitudes liées à la sortie. «Depuis le référendum, l'embauche est relativement plus intéressante que l'investissement pour les entreprises qui souhaitent augmenter leur production. Compte tenu de la flexibilité du marché du travail britannique, les entreprises peuvent licencier facilement si l'issue des négociations du Brexit ou si la conjoncture les amène à réduire leur niveau de production. En revanche, investir dans de nouvelles machines ou dans des formations correspond à des coûts plus difficilement rétractables», explique un haut fonctionnaire français. Ces chiffres, enfin, s'arrêtent à fin janvier. Les mois qui suivent pourraient s'avérer moins positifs.