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Libération
Récit

Notre-Dame de Paris se délocalise à Saint-Sulpice

L'archevêque de Paris, sans cathédrale depuis l'incendie de lundi, s'installe à Saint-Sulpice pour les cérémonies de la semaine sainte qui précède Pâques.
L'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, célèbre une messe à l'église Saint-Sulpice à Paris le 17 avril 2019, deux jours après l'incendie qui a défiguré Notre-Dame. (JACQUES DEMARTHON/Photo JACQUES DEMARTHON. AFP)
publié le 17 avril 2019 à 22h14

Comme toujours, il y a les mauvaises langues. «C'est du cinéma de les voir là», lâche une dame âgée, accrochée aux barrières de sécurité. Avec tous ceux (plusieurs centaines) qui n'ont pas pu entrer dans l'église, elle regarde les officiels grimper, les uns après les autres, les marches de Saint-Sulpice, dans le VIarrondissement de Paris.

Brigitte Macron arrive la dernière, accompagnée du recteur de Notre-Dame de Paris, Mgr Patrick Chauvet, celui qui porte publiquement, depuis lundi soir, l'émotion que l'incendie de la cathédrale a suscitée. La dame âgée remarque ironiquement les hauts talons de l'épouse du président de la République.

Dévastée par les flammes, Notre-Dame de Paris n'est plus utilisable pour de longues années. «Quand une cathédrale s'effondre, on change d'église», tente de plaisanter l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit. Pour les cérémonies de la semaine sainte qui précède la fête de Pâques, il s'est délocalisé à Saint-Sulpice, l'un des édifices catholiques, les plus vastes de la capitale, devenue célèbre dans le monde entier grâce au best-seller de Dan Brown, le Da Vinci Code.

Messe chrismale

Aux premiers rangs de la nef, Brigitte Macron a rejoint le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, chargé des cultes, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. En ses heures sombres, la République affiche sa solidarité avec l’Eglise catholique. Saint-Sulpice est bourrée à craquer. Deux mille fidèles sont venus assister à la messe chrismale pendant laquelle les religieux et les prêtres renouvellent leurs engagements et ont béni les huiles utilisées pour les baptêmes.

Dans les vapeurs d'encens, une longue procession ouvre la cérémonie. «C'est un moment particulier parce que nous ne sommes plus dans notre cathédrale», déclare à l'assistance Mgr Aupetit après avoir gagné l'autel. «Elle s'est effondrée mais elle revivra, elle se relèvera», dit-il encore.

L'archevêque de Paris souligne la solidarité qui s'est manifestée dans le monde entier depuis l'incendie. Le pape François lui a fait parvenir mardi une lettre de soutien. «Cette catastrophe a gravement endommagé un édifice historique. Mai j'ai conscience qu'elle a aussi affecté un symbole national cher au cœur des Parisiens et des Français dans la diversité de leurs convictions. Car Notre-Dame est le joyau architectural d'une mémoire collective», affirme le chef de l'Eglise catholique, qui salue le courage des pompiers.

«Le sceau d’une présence»

Sans trop s'appesantir quand même, Michel Aupetit évoque à Saint-Sulpice un «péché collectif» qui pourrait expliquer la catastrophe. «Notre chère cathédrale est à genoux, nous sommes meurtris. Mais elle n'est pas qu'un tas de pierres ; elle est habitée par un peuple ; Elle n'est pas seulement habitée par ceux qui prient ou ceux qui la visitent ; elle est le sceau d'une présence, la maison de Dieu, c'est pour cela qu'elle est la maison de tous», insiste l'archevêque de Paris.

Pour les fidèles qui sont venus mercredi, il s'agit de trouver du réconfort. «Nous avons vécu un traumatisme ; nous avons besoin de nous consoler les uns, les autres», affirme Priscilla, une salariée du diocèse. Lundi soir, elle était là quand l'incendie a pris. Pendant trois heures, elle a regardé brûler la cathédrale sans pouvoir en détacher ses yeux.

A la fin de la messe, l'archevêque de Paris remercie Jean-Loup Lacroix, le curé de Saint-Sulpice, de son accueil. Et le prévient que la situation «risque de durer un peu de temps».